[Eurobasket 2015] Récap des deux premiers jours de compétition
S’il y a bien un enseignement à retenir de ce début de compétition, c’est bien que l’on a sous-estimé certaines équipes. Sur un match, tout est possible, même si la logique a vite repris sa place entre les favoris et les outsiders.
GROUPE A: UNE SEULE PLACE ENCORE EN JEU
Ne nous leurrons pas: ce groupe est le plus déséquilibré.
On n’attendait néanmoins pas Israël à ce niveau de jeu vu leur préparation et pourtant. Une première victoire convaincante contre une Russie dépassée, qui vit et meurt par les tirs de Vorontsevitch, et une seconde facile contre des Finlandais ayant joué leur finale contre la France la veille. Lior Eliyahu est le leader offensif de l’équipe (19pts-5ast) épaulé par Casspi (15.5pts-8.5rbds) et Mekel (13.5pts), l’alchimie collective semble avoir permis aux israéliens de sortir de leur marasme.
Concernant la France, leader de son groupe, c’était un objectif affiché pour les Champions en titre. Néanmoins, la route n’a pas été (et ne sera pas) une partie de plaisir. Le match d’ouverture a révélé plusieurs faiblesses: trop d’impatience en attaque, absence d’une défense digne de ce nom et des airs de déjà-vu. On l’a dit, la Finlande joue le jeu qu’on n’apprécie pas: beaucoup de tirs de loin et quelques surprises avec Jamar Wilson qui a découpé notre backcourt en défense.
Heureusement, après victoire en prolongation, les hommes de Vincent Collet ont rassuré en fessant la Bosnie-Herzégovine (81-54) dans une démonstration de basket où la seconde escouade composée de Westermann/Fournier/Kahudi/Pietrus/Lauvergne a su appliquer les consignes défensives pour propulser notre attaque de plus belle. Mention spéciale à Rudy Gobert qui s’impose comme LE titulaire au poste 5 et une arme de dissuasion massive:
Les Polonais font aussi bonne figure, en dépit de victoires qui n’ont pas été si convaincantes (68-64 contre la Bosnie; 82-79 contre la Russie). Waczynski est le meilleur scoreur (19ppg) dans un trio composé également de Gortat (14pts-6rbds) et Ponitka (11.5pts). La déception vient de A.J.Slaughter, seulement 8.5pts à 35% et un poids sur le terrain. Il y a encore pas mal de travail, cette équipe n’a vraiment pas atteint son plein potentiel.
Enfin, on jouera à trois sur le dernier slot libre. La Finlande a les armes pour se qualifier, à moins que les Russes ne sortent de leur torpeur et se décident à défendre. Une certaine tristesse à voir Monya se trouer à chaque match en attaque.
GROUPE B: LES SERBES FAVORIS DANS UNE POULE INDECISE
Le fameux Groupe-de-la-mort. La Serbie est la seule équipe à avoir gagné ses deux matchs avec une victoire colossale contre les espagnols (80-70) à l’ouverture. En fait, le monde du basket a l’air de découvrir le talent de Nemanja Bjelica, complètement « on fire » sur ces deux premières rencontres (18pts, 6.5rbds, 3.5ast). Il est l’artisan de la victoire contre l’Espagne avec ses tirs longues-distances dévastateurs dans le Money-time, il se permet aussi de donner la victoire aux siens avec un game-winner contre l’Allemagne:
Cette équipe de Serbie, soudée derrière un leader offensif aux talents multiples, impressionne. Teodosic fait ce qu’il fait de mieux: être un playmaker. Nedovic artille, Bogdanovic aussi, Raduljica maitrise le pick-n-roll avec Milos etc….
L’autre mastodonte, l’Espagne, s’est donc faite surprendre par le sérieux serbe. Il ne fallait pas affronter cette équipe pour la réaction d’orgueil qui a suivi: 104-77 contre la Turquie dans un match de gala offensif: 63.5% de réussite au shoot, 12/21 à 3pts, 24 assists pour 10TO et un Pau Gasol leader (21pts-7rbds). Cette escouade a beau vieillir, elle garde son niveau de jeu et sa dangerosité, Mirotic (9.5pts-6.5rbds) cherche encore sa place malgré quelques jolis passages offensifs.
Derrière, la course aux places qualificatives sera rude. L’Allemagne et la Turquie semblent être les deux équipes les plus solides pour arracher leur billet, même si l’Italie peut créer la surprise. Dirk Nowitzki (15pts-8.5rbds) et ses coéquipiers auraient pu être à 2-0 s’ils n’avaient pas affronté la Serbie. La Turquie montre les crocs avec 5 joueurs qui tournent en double-figure de moyenne (Ilyasova 16ppg) et un Osman assez impressionnant dans le jeu.
Seule énigme, donc, l’Italie de Gallinari. Erratique, inconstante, promouvant le one-on-one, cette squadra peut faire jeu égal quand ses individualités se révèlent. Gallinari a planté 33pts (9/10 et 14/15 aux lancers) dans le premier match contre la Turquie mais comme un symbole, il manque le lancer de l’égalisation; cela résume assez bien l’Italie:
GROUPE C: LA QUATRIÈME PLACE ENCORE EN JEU
Ce n’était pas un secret avant le début de l’Euro: le trident Grèce/Croatie/Slovénie est largement favori pour la qualification, scindant ce groupe en deux parties bien distinctes puisque néerlandais, macédoniens et géorgiens ont confirmé ne pas avoir les épaules pour secouer ces géants. Outre le scandale de la télévision grecque qui en veut encore à la Macédoine, ces deux premiers matchs ont confirmé que les petits poucets prendraient entre 10-20pts contre les favoris et se départageraient le dernier spot, la Macédoine étant favorite.
Autrement, la Grèce confirme ses bonnes intentions, en atomisant la Macédoine d’une part, et en réalisant, d’autre part, un come-back sous la houlette de Spanoulis pour coiffer au poteau les Croates (72-70) avec un 21-13 dans le dernier quart-temps. La relation Spanoulis-Antetokounmpo, très NBA-prone, anime les highlights:
Mais la vraie force de Hellas c’est sa raquette. Bourousis (13pts-7rbds) et Koufos (11pts-10rbds) dominent tandis que Printezis (15.5ppg à 66%) ajoute l’efficacité offensive à la versatilité de son jeu. Et encore, on n’a pas vu de réelle contribution des Calathes, Papanikolaou et autres Zizis.
Concernant la Croatie, 1-1 est un beau résultant quand on ouvre le bal face aux slovènes et aux grecques. La fougue des jeunes Hezonja, Saric et Bogdanovic derrière les piliers Simon (19pts-5rbds) et Zoric, fonctionne à merveille. Mario Hezonja a manqué le panier de la gagne contre la Grèce à 3pts dans un moment d’impatience mais son coast-to-coast contre la Slovénie est déjà une des plus belles actions de la compétition:
Enfin, dernier favori, la Slovénie. Cette escouade a fait du shoot longue-distance sa spécialité (21/49 sur les deux matchs soit 42% de réussite) avec un leader: Prepelic, qui tourne à 14.5pts, 4rbds, 4ast et 2.5 3PTM par match. C’est simple, les quatre meilleurs marqueurs de la Slovénie tentent en moyenne 4 tirs à 3pts dans ces deux premiers matchs, laissant au vestiaire une quelconque volonté de dominer la raquette. Difficile de dire si cette stratégie suffira pour passer les ogres des huitièmes.
GROUPE D: DES AFFICHES ASSEZ DÉCEVANTES
Honnêtement, c’est la poule qui fait le moins rêver de cet Eurobasket. L’Estonie est déjà à un panier-average de -52, soit 26pts en moyenne encaissés en deux rencontres, ça fait cher. L’Ukraine est moins mauvaise grâce aux 16.5ppg de Fesenko, esseulé. Seule la Lettonie a vraiment créé la surprise en battant la Belgique lors du match d’ouverture pour prendre 19pts, le lendemain, par la Lituanie.
La République Tchèque est aisément leader en ayant étrillé l’Estonie (+23) et l’Ukraine (+14). Le pays remerciera Jan Vesely, l’ancien Wizard qui a retrouvé de son jeu et de sa confiance en Euroleague, roule sur sa poule avec 17.5pts (64%), 8.5rbds, 2ast, 1blk, 1st de moyenne et une domination sans partage:
Vesely ne joue pas seul, puisque Schilb (11ppg), Storansky (11ppg) et Pumpria (11ppg) peuvent sortir de leur boite à tout moment pour artiller avec une efficacité redoutable. La Lituanie et la Belgique ont la capacité de contester cette domination, les premiers s’appuient sur Jonas Valanciunas (17pts-9rbds de moyenne) dont on ne parle pas malgré les très belles performances tandis que les seconds puisent dans leurs classiques (Lojeski, Van Rossom, Hervelle) pour tenir le choc.
Ces deux outsiders montrent néanmoins des signes de faiblesse et d’inconstance dans leur jeu, mention aux lituaniens qui se sont vraiment faits peur dans leur match contre l’Ukraine.
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