Eurobasket 2015: Preview du Groupe B
A Berlin, le groupe B verra l’Espagne, la Serbie, la Turquie, l’Italie, l’Allemagne et l’Islande s’affronter. 4 de ces 6 équipes sortiront de la poule pour mettre le cap sur Lille et les huitièmes de finale à élimination directe. Avec la Serbie et l’Espagne, ce groupe mettra aux prises deux des favoris de la compétition. Un premier test sérieux, malgré l’enjeu limité de ce premier tour.
Favoris
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SERBIE
Quand on est finaliste des derniers Championnats du Monde, on débarque forcément à l’EuroBasket avec une grosse pancarte de favoris sur le dos. D’autant que Sasha Djordjevic pourra compter avec un roster similaire à celui aligné en 2014, emmené par le quatuor Milos Teodosic-Nemanja Bjelica-Bogdan Bogdanovic-Miroslav Raduljica.
Talentueux et expérimentés, les Serbes avaient livré en demi-finale face à la France leur match-référence en 2014, dans un match épique, résistant au retour des Bleus durant le dernier quart-temps.
Si la finale face aux Américains avaient tourné à la démonstration de la puissance US, le parcours des Serbes a consisté en une montée en puissance progressive en 2014. Défaits par la France, le Brésil et l’Espagne au premier tour, ils avaient renversé la vapeur pour éliminer les Grecs et prendre leur revanche face au Brésil et la France lors des tours à élimination directe.
L’an passé, le facteur ‘surprise’ a pu jouer, la génération serbe actuelle ayant multiplié les déceptions depuis son arrivée. Ici, il en sera tout autrement: Milos Teodosic, Clutch Master, est en pleine possession de ses moyens et est prêt à arroser à distance. Nemanja Bjelica est le MVP de l’Euroleague en titre, qui rejoindra les TWolves après l’EuroBasket. Bogdan Bogdanovic, et sa précision aux tirs, a continué à prendre de la bouteille au plus haut niveau au Fenerbahce. Et Raduljica, lui, a l’occasion de se relancer après une saison très étrange qui l’a mené aux Clippers (qui l’ont coupé en août), au Shadong Lions (Chine, coupé en décembre), aux TWolves (coupé fin janvier) et finalement avoir rejoint le Panathinaikos il y a quelques semaines.
Autour de ce carré magique qui avait porté la nation, on devrait retrouver des joueurs au profil plus pointu et moins visible, à l’image de Stefan Markovic, meneur de jeu à la défense hargneuse. Par contre, aucune trace de Boban Marjanovic, le gros bébé (2,21m, 132 kgs) qui a dominé les raquettes de l’Euroleague (16.6 points et 10.7 rebonds par match): après avoir paraphé son contrat avec les San Antonio Spurs, Coach Pop’ lui ayant interdit de jouer cet été après qu’il ait ressenti des douleurs au pied gauche.
Le roster final n’est pas encore annoncé, avec 14 joueurs toujours en lice pour rentrer dans l’effectif final:
- Meneurs: Milos Teodosic, Stefan Markovic, Nemanja Nedovic, Nikola Milosaljevic
- Ailiers: Nemanja Bjelica, Bogdan Bogdanovic, Nikola Kalinic, Ognjen Kuzmic, Marko Simonovic, Nemanja Dangubic
- Pivots: Miroslav Raduljica, Zoran Erceg, Vladimir Stimac, Ognjen Kuzmic, Nikola Milutinov
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ESPAGNE
Difficile de ne pas considérer une nation-phare du basket telle que l’Espagne comme autre chose que l’un des favoris du tournoi. Pourtant, Sergio Scariolo sera privé de 5 pions majeurs de son dispositif: Juan Carlos Navarro, Ricky Rubio, Marc Gasol, Serge Ibaka et Alex Abrines.
Et, malgré tout cela, l’équipe aura fière allure, emmenée par un Pau Gasol qui sort d’une superbe saison à Chicago, le quatuor madrilène Rudy Fernandez-Sergio Rodriguez-Sergio Llull-Felipe Reyes qui a dominé l’Euroleague, le toujours tranchant Fernando San Emeterio et les slashers Victor Claver et Pablo Aguilar.
Par contre, qui dit « absents » dit « surprises » et « nouveaux venus »! En plus des 8 cadres habitués, 4 « petits nouveaux » endosseront pour la première fois le maillot de l’équipe nationale en compétition officielle: Nikola Mirotic (qui vole la place de « naturalisé » à Serge Ibaka), Pau Ribas, Guillem Vives et Guillermo Hernangomez. Et si Nikola Mirotic est, depuis sa superbe saison rookie à Chicago, bien connu dans le monde de la balle orange, C’est un peu moins le cas pour Pau Ribas, Guillem Vives et Guillermo Hernangomez.
Pour la faire courte, Pau Ribas est le prototype du meneur de jeu talentueux, habitué à sortir du banc: il a grandi dans l’ombre de Ricky Rubio à Badalone, est ensuite devenu le back-up de Huertas à Vitoria, puis de Sam Van Rossom à Valence. Avant de signer il y a quelques semaines au Barça, où il sortira du banc en relais du Tchèque Satoransky. Selfless, engagé et motivé, Ribas amènera sa hargne et permettra aux Sergio (Llull et Rodriguez) de souffler et exploser offensivement pendant qu’il se chargera de la besogne défensive.
Vives et Hernangomez, pour leur part, représentent l’avenir du basket ibérique. Guillermo « Willy » Hernangomez, récemment drafté par les 76ers en juin et envoyé à New York entre-temps, a été l’une des grosses révélations en Liga ACB avec Séville (avec Porzingis, donc), avec des moyennes de 11 points et 6 rebonds par match à 21 ans. Guillem Vives, lui, est un meneur de jeu formé à Badalone et évoluant désormais à Valence. Révélation de la saison 2013-14 en Catalogne, il a vécu une année un peu plus compliquée suite à son transfert à Valence, profitant des pépins physiques de Pau Ribas en fin de saison pour trouver sa place et confirmer ce qu’on attendait de lui.
Si Mirotic et Ribas vont sans doute avoir l’occasion de se montrer lors de la compétition, Vives et Hernangomez vivront une introduction en douceur dans le roster, en vue de préparer la transition et l’imminent départ de la génération dorée menée par Pau Gasol, Juanca Navarro et Felipe Reyes.
- Meneurs: Sergio Llull, Pau Ribas, Sergio Rodriguez, Guillem Vives
- Ailiers: Pablo Aguilar, Victor Claver, Rudy Fernandez, Nikola Mirotic, Fernando San Emeterio
- Pivots: Pau Gasol, Felipe Reyes, Guillermo Hernangomez
Outsiders
Derrière la Serbie et l’Espagne, on retrouve 3 équipes qui se battront pour les 2 derniers spots: la Turquie, l’Italie et l’Allemagne
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ALLEMAGNE
Avec Dirk Nowitzki et Denis Schröder, en évoluant à domicile, la Mannschaft sera le poil à gratter du groupe B. Auteurs d’une préparation intéressante (victoire face à la Turquie, à la Pologne et la Lettonie lors de la ERGO Supercup à Hambourg le weekend passé), les Allemands devraient avoir – le 12 final n’est pas encore connu – un roster très intéressant, mélangeant joueurs de Bundesliga (qui monte en puissance depuis quelques années), d’Euroleague et de NBA. Outre Schröder et Nowitzki, les éternels espoirs Robin Benzing (qui vient de signer à Saragosse) et Tibor Pleiss (qui rejoindra le Jazz après la compétition) seront à surveiller de près.
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ITALIE
Depuis la médaille d’argent décrochée aux JO d’Athènes en 2004 (et la génération dorée de Pozzecco, Bulleri et Basile) l’Italie est une déception permanente.
Malgré les Bellineli, Bargnani et dans une moindre mesure Gallinari, la Squadra Azzura n’a jamais réussi à redresser la barre. L’Eurobasket 2015 pourrait permettre de changer cela, avec l’arrivée à maturité d’une nouvelle génération. Le nouveau leader désigné, c’est Alessandro Gentile, qui du haut de ses 22 ans a déjà pris les rênes de Milan cette saison. A ses côtés, on pourrait les jeunes Niccolo Melli, Amedeo Della Valle (22 ans également), ainsi que les ‘habitués’ que sont Cinciarini, Hackett, Aradori ou encore Marco Cusin. Et, si cela se confirme, les NBAers Bellineli, Bargnani et Gallinari seront de la partie. Tout comme Luigi Datome, après son aventure loupée en NBA.
Le dilemme pour Coach Pianigiani sera quand même de parvenir à gérer les égos. Une tâche qui pourrait s’avérer complexe vu la densité et le profil des joueurs à sa disposition.
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TURQUIE
Il y a les Mondiaux de 2010 à domicile. Et depuis, le trou noir pour la Turquie, malgré les nombreux talents dont disposaient les sélectionneurs successifs. Ici aussi, le roster final n’est pas encore connu. Mais avec des Ersan Ilyasova, Semih Erden, Ender Arslan ou Furkan Aldemir toujours en lice, le potentiel est présent. On découvrira aussi Cedi Osman, 20 ans, grosse révélation de la saison passée du côté de l’Anadolu Efes, et qui représente l’avenir du basket turc.
Mais si le potentiel turc est impressionnant, la préparation a été très calamiteuse, avec des défaites concédées face à l’Allemagne, la Lettonie, la Pologne, la Croatie et la Lituanie sur les six derniers matchs disputés – la seule victoire décrochée l’a été face à la Macédoine. Les victoires engrangées face à la Grèce, la Tunisie et la Bosnie en début de préparation semblent bien loin, alors que l’équipe dispute un nombre record de rencontres de préparation, avec trois nouveaux duels au programme face à la Lituanie, la Grèce et les Pays-Bas d’ici au dimanche 30 août…
Autres
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ISLANDE
L’Islande jouera pour la première fois dans une compétition officielle de la FIBA. En dépit de leur exploit, réussri à sortir les Britanniques lors des qualifications, je ne vois toutefois pas les Islandais surprendre grand monde à Berlin. Les résultats des matchs de préparation, à défaut d’être fondamentalement déséspérant, ne déclenche aucun enthousiasme: deux victoires (Pays-Bas et Philippines) et trois défaites (Pays-Bas – à deux reprises – et Estonie), avant un dernier match ce dimanche face à la Belgique. On retrouvera quand même le vieux routard Jon Stefanson (passé, entre autres, à Dallas – sans y jouer, toutefois, Malaga, Valence, Rome, Trévise, Saragosse,…) et on gardera un œil sur Haukur Palsson, 23 ans, passé à Maryland en NCAA avant de mettre le cap sur l’Espagne et qui évoluera, pour la saison 2015-16, au Laboral Kutxa.
3 Commentaires
Pour l’Espagne, Calderon & Navarro me semble parti à la retraite international maintenant.
Mirotic à la place d’Ibaka, l’Espagne gagne au change.
Idem avec la paire Rodriguez/Llull, bien plus forte que Calderon/Rubio.
La « vrai » perte pour cette Espagne que je considère encore comme redoutable, c’est M.Gasol…
Pas encore d’annonces officielles de la part de Calderon et Navarro quant à une retraite internationale. Je suppose qu’ils vont essayer de passer le cut pour les JO à Rio, et partir après ça. Sans doute même chose pour Pau Gasol, a priori.
Avec Rodriguez et Llull, ils ont une paire de PG qui jouent dans un registre fondamentalement différent de celui de Rubio et Calderon. Ces deux-là sont des playmakers, des PG à l’ancienne, plus amenés à créer pour les autres que pour eux-mêmes. Rodriguez, et Llull encore plus, ont plus tendance à finir eux-mêmes, et à scorer à plus gros volume. Je ne sais pas vraiment quelle paire est plus forte. Ce sont juste des styles différents, et les deux gars sélectionnés sont sans doute plus « flashy » qu’un Calderon.
Maintenant, l’équipe B de l’Espagne, avec les non-sélectionnés pour l’EuroBasket, pourrait tout aussi bien viser les quarts de finale de la compétition, avec un starting five Rubio-Navarro-Abrines-Ibaka-Marc. Tout ça pour dire que l’Espagne, c’est surtout une densité de fou dans le roster.
Derrière la Serbie et l’Espagne, c’est un peu le groupe des équipes qu’on devait voir un jour, au sommet et qui n’ont jamais capitalisé sur leurs talents. L’Allemagne roulait bien avant l’arrivée de Dirk et ne gagnera pas grand chose; l’Italie a des arguments très sérieux mais tellement de carences, et les turcs, n’en parlons pas…