Nate « Tiny » Archibald
Nate Archibald a tout connu dans sa vie. Les bas-fonds comme les étoiles. Sa vie de basketteur est identique. Seul joueur à avoir terminé meilleur scoreur et passeur lors de la même saison, ce meneur rapide et créatif a rongé son frein avant de décrocher une bague de champion.
BIG APPLE FOR TINY
Né le 2 septembre 1948, Nathaniel dit Nate Archibald grandit dans le sud du Bronx, à Patterson, un des quartiers les plus malfamés des Etats-Unis. Le basket est sa délivrance et lui permet d’échapper à la violence, la drogue et la délinquance. A 14 ans, son père – surnommé Big Tiny, Nate devient ainsi Tiny — abandonne sa famille. L’adolescent, ainé d’une fratrie de 7, aurait alors pu choisir l’argent facile gagné illégalement.
Nate Archibald : C’est intéressant comme des gars qui sont dans la drogue cherchent toujours des mecs à faire entrer là-dedans, comme s’ils avaient une entreprise. Moi ? Je n’ai toujours eu que le basket.
Pourtant, le basket n’a rien de naturel pour ce gamin petit et discret. Il n’est pas mauvais mais n’a rien d’extraordinaire. Il n’est d’ailleurs pas retenu dans l’équipe de son lycée. Heureusement pour lui, Floyd Layne, un éducateur au sein de la communauté parvient à convaincre de revoir Nate Archibald en troisième année. Enfin, il entre dans l’équipe et un an plus tard il est considéré comme le meilleur meneur de jeu new yorkais de sa classe d’âge.
Ses notes ne lui permettent alors pas d’intégrer une université d’envergure. Il quitte alors New York pour la première fois pour l’Arizona Western Comunity College. Au bout d’un an, il obtient une bourse à l’université de Texas El-Paso (UTEP) où il tourne à 20 points par match pendant 3 saisons.
Les Cincinnati Royals, coachés par la légende Bob Cousy, le retiennent en 19e position, c’est-à-dire au deuxième tour, de la draft ’70. Le départ du vétéran Flynn Robinson suite à des problèmes contractuels le pousse immédiatement dans le cinq majeur. Il assure 16 points par match dans une équipe sans ambition. Il est aussi considéré comme bon défenseur mais il manque de maturité et perd encore de nombreux ballons.
Nate Archibald est alors à deux doigts de se faire échanger pour un intérieur mais c’est finalement Norm Van Lier qui est envoyé aux Chicago Bulls pour récupérer les 2.10m de Jim Fox. Puis, Tom Van Arsdale, l’option offensive numéro 1 de l’équipe, se blesse. Le jeune Nate Archibald est propulsé leader de l’équipe dès sa saison sophomore. Il explose, 28.2 points par match et une place dans la All-NBA Second Team. Mais les Royals restent une équipe médiocre qui ne gagne que 30 matchs.
En 1972, les Royals déménagent et se partagent entre Kansas City et Omaha. La franchise change de nom pour l’occasion : les Royals deviennent les Kings. Cela ne perturbe pas Nate Archibald qui cumule 34 points et 11.4 assists pour devenir l’unique joueur à dominer la league dans les deux catégories. Logiquement, il entre dans la All-NBA First Team même si les Kings sont bloqués à 36 victoires.
Si Nate Archibald devient une star NBA, sa réalité le rattrape. Durant la saison, il est contrarié par l’arrestation de 2 de ses frères, le premier pour vol, le second pour détention de drogues. Un autre frère fait une overdose et part en cure de désintoxication avec l’aide de l’ainé. Il décide alors de rentrer à Kansas City avec 2 de ses frères pour leur faire quitter leur ghetto. En 1973, Nate Archibald connait un autre problème : une blessure au tendon d’Achille. Tiny ne peut jouer que 35 matchs et voit ses productions tombées à 17.6ppg et 7.6apg.
FROM THE KINGS TO THE C’S
Revenu en forme, Nate Archibald se hisse à nouveau dans la All-NBA First Team un an plus tard. Il joue les 82 matchs et assure 26.5ppg et 6.8apg. Plus important, les Kings gagnent 44 matchs, le premier bilan positif de la franchise depuis 1966 et les heures glorieuses d’Oscar Robertson et Jerry Lucas. Tiny fait alors ses premiers pas en playoffs pour une élimination en 6 manches contre les Bulls. L’année suivante est du même acabit : 24.8ppg, 7.9apg, une place dans la All-NBA First Team mais les résultats collectifs ne suivent déjà plus. Les Kings tombent à 31 victoires. Au terme de la saison, il est transféré aux New York Nets où débute les heures les plus sombres de sa carrière.
Après 34 matchs sous le maillot des Nets (20.5ppg-7.5apg tout de même), Nate Archibald se blesse gravement au pied. Sa saison est terminée. En fin de saison, il est envoyé aux Buffalo Braves et se déchire le tendon d’Achille avant de mettre un pied sur le parquet. Il ne portera ainsi jamais le maillot des Braves. La saison 1977-78 est totalement blanche. A l’intersaison, il est encore transféré. Sa terre d’accueil est plus positive : les Boston Celtics.
Pourtant, Nate Archibald arrive au camp avec une dizaine de kilos en trop. Il est plus lent, limite pataud. Il a du mal à évoluer avec Jo Jo White et les relations sont tendues avec Dave Cowens, alors entraineur-joueur. Tiny obtient une réputation détestable. Il a 30 ans et plus grand monde ne croit en lui. La presse dit alors qu’il est fini. Les Celtics, en reconstruction après le départ de John Havlicek et le titre de 1976, ne gagnent que 29 matchs.
En 1979, les Celtics sont rachetés, Larry Bird débarque enfin, Bill Fitch devient le Head Coach, Dave Cowens est à 100% de ses moyens physiques et il ne manque qu’un meneur à cette équipe. Pendant l’été, Nate Archibald est retourné à Patterson, comme il le fait chaque année, pour aider la communauté. Il passe aussi du temps sur un playground où il trouve le moyen de se remotiver.
Nate Archibald : J’étais là, je sortais la saison la plus frustrante de ma carrière, et c’était les gamins qui me donnaient des conseils. Ils me disaient : ‘Ne t’inquiète pas Tiny, ne baisse pas la tête, tu peux le faire. Les Celtics ont besoin de toi.’ Je ne les oublierai jamais.
Nate Archibald revient à Boston gonfler à bloc. Les Celtics n’ont pas besoin d’un fort apport au scoring mais d’un meneur qui passe le ballon et contrôle le tempo. Ainsi, il score 14.1 points par match mais délivre 8.4 assists, son meilleur total depuis 1973. Tiny revient au All-Star Game et les Celtics gagnent 61 matchs mais s’inclinent en finales de conférence contre les 76ers.
CHAMPION
L’année suivante, Nate Archibald confirme son retour. Il passe plus de 35 minutes sur le parquet et lâche 7.7 assists par match. Il est élu MVP du ASG avec 9 points et 9 assists et fait son retour dans les nominations de fin de saison en gagnant sa place dans la All-NBA Second Team. Cela faisait 5 ans que son nom n’apparaissait plus. Mais le plus important est encore ailleurs : après 11 saisons à connaitre des hauts et des bas, il décroche le titre de champion face aux Houston Rockets en 6 matchs.
L’année suivante, Nate Archibald est All-Star pour la dernière fois mais les Celtics (63-19) tombent en finales de conférence, en 7 matchs, face aux 76ers. Il tourne à 8 assists par matchs pour la dernière fois de sa carrière. A 34 ans, son temps de jeu commence alors à décliner. Son influence aussi. Il perd sa place de titulaire en 1983 et quitte les Celtics sur un sweep face aux Bucks, équipe qu’il rejoint pour 46 matchs avant de définitivement prendre sa retraite.
En 14 ans de carrière Nate Archibald tourne à 18.8 points à 46.7% et 7.4 assists. Il est 6 fois All-Star et 3 fois membre de la All-NBA First Team. Il disparait un temps du monde de la balle orange pour revenir à New York et s’investir auprès des enfants défavorisés. Son numéro 1 est retiré par les Kings, il entre au Hall of Fame en 1991 et fait partie des 50 plus grands en 1996.
Laisser un commentaire