Hier, Grant Hill a définitivement rangé les sneakers, après 19 saisons passées dans la Grande Ligue. Joueur parmi les plus talentueux de sa génération, il a vu sa carrière ralentie par des blessures à répétition. Abnégation, force de caractère et talent lui ont toutefois permis de se remettre de ces coups durs et de rester 19 ans en NBA.

Une météorite atterrit sur la planète NBA

Joueur au talent pur, Grant Hill se révèle au grand public lors de son passage à Duke. Epaulant Christian Laettner, il conduit les Blue Devils à deux titres consécutifs, en 1991 et 1992. Il donne notamment l’assist sur le mythique game-winning buzzer-beater de Laettner, en Elite 8 face à Kentucky en 92. Un panier désormais rentré dans la postérité, et vu comme l’un des plus grand moment de l’histoire de la NCAA.

Le départ de Laettner vers la NBA en 1992 permet à Grant Hill de prendre les rênes de l’équipe. Meilleur défenseur du pays en 1993, il est élu ACC Player of the Year en 1994 et retrouve à nouveau la finale de la March Madness en ’94, s’inclinant face aux Razorbacks de l’Arkansas. Il rentre dans les livres de l’histoire de l’ACC en devenant le premier joueur de la conférence à cumuler 1.900 points, 700 rebonds, 400 assists, 200 interceptions et 100 blocks.

Après avoir terminé son cursus complet à Duke, Grant Hill se présente à la draft en 1994. Sélectionné en troisième position par Detroit (après Glenn Robinson à Milwaukee et Jason Kidd à Dallas), il arrive dans une équipe dévastée à la recherche d’un nouveau souffle, en pleine reconstruction suite aux départs de Bad Boys. Son impact sur la Ligue est immédiat: lors de sa saison rookie, il signe des moyennes hallucinantes, avec 19,9 points, 6,4 rebonds, 5 assists et 1,77 interceptions.

Surdoué, il devient très rapidement l’un des joueurs favoris du grand public dans une NBA à la recherche d’un successeur à Michael Jordan (qui a pris sa première retraite en 1993). Grant Hill, avec son talent, son physique un peu frêle, ses oreilles décollées et son jeu très aérien et attiré par l’arceau, rentre immédiatement dans le coeur du public. Sa popularité est immédiate: lors de sa première saison, il devient le premier rookie à recevoir le plus grand nombre de voix pour le ASG (1.289.585 voix, plus que Shaquille O’Neal…). A l’issue de la saison, malgré le naufrage collectif des Pistons (28-54), il est nommé co-Rookie de l’année, partageant le trophée avec Jason Kidd.

Il continue sur sa lancée à Detroit. Lors de la saison 1995-96, il continue d’afficher des moyennes affolantes, témoignant d’une polyvalence incroyable: 20,2 ppg, 9,8 rpg, 6,9 apg. Avec 10 triple-doubles, il mène la ligue dans la catégorie (à titre de comparaison, Lebron James n’a signé « que » 4 triple-double cette saison). Et, en dépit du retour de Michael Jordan, Grant Hill reste le chouchou du public. Il accumule à nouveau le plus de voix pour le ASG, dominant à ce petit jeu les monstres sacrés que sont Jordan et O’Neal…

Porte-étendard des Pistons, il permet à l’équipe du Michigan de retrouver les playoffs (46-36 en saison régulière, élimination au premier tour par le Magic). Il intègre également la All-NBA Second Team.

Petit prince de la NBA, Grant Hill domine la conférence Est en 1996-97, jouant les yeux dans les yeux avec Jordan. Avec des moyennes de 21,4 ppg, 9 rpg, 7,3 apg, il rentre dans le cercle très fermé des 20/9/7, une performance pas vue depuis Bird en 87 qui n’a plus été reproduite depuis lors. A nouveau en playoffs, les Pistons baissent pavillon dès le premier tour, s’inclinant face aux Hawks. Repris dans la All-NBA First Team, Grant Hill termine 3ème de la course au titre de MVP, derrière Karl Malone et Michael Jordan.

Il reste encore 3 saisons de plus à Detroit. Et malgré les arrivées de Jerry Stackhouse en 97 ou de Laettner en 98, les Pistons ne parviennent pas à trouver la clé du succès, s’inclinant systématiquement dès les premières étapes des playoffs. Hill continue toutefois à cumuler des stats de folie: scoring, assists, rebonds. Grant Hill est partout, tout le temps. Point-forward, il est le point focal de l’attaque de Detroit, distribuant le jeu et scorant à foison. Sa polyvalence lui attire les comparaisons les plus glorieuses. Ses performances sont souvent mises en parallèle avec celles de Larry Bird, Oscar Robertson, Wilt Chamberlain ou Elgin Baylor.

Il reste un total de 6 saisons dans le Michigan. Avec un total de 9.393 points, 3.417 rebonds et 2.720 assists en 6 ans, il n’y a que LeBron James, Larry Bird et Oscar Robertson qui peuvent se targuer d’avoir fait mieux au cours de leurs 6 premières saisons…

La chute

Sa carrière prend un tournant dramatique le 15 avril 2000. Lors du dernier match de la saison régulière, face aux Sixers, Grant Hill se tord la cheville et quitte la rencontre. « Ses » Pistons étant qualifiés pour les playoffs, Hill décide de tenter de jouer les playoffs, face à Miami. Son impact sur le début de la série est presque nul. Et, au milieu du deuxième duel, il aggrave sa blessure et doit déclarer forfait. On ne le sait pas encore à ce moment, mais ce 25 avril 2000, à Miami, Grant Hill enfilait pour la dernière fois le jersey des Pistons.

Le 3 août, Hill est envoyé à Orlando, en échange de Ben Wallace et Chucky Atkins. Sur le papier, le Magic possède un roster au potentiel effrayant. Tracy McGrady, Mike Miller, Darrell Armstrong et le multi-All-Star Grant Hill font de la franchise des outsiders à l’est. Sauf que… Sauf que pour Grant Hill, ce passage à Orlando est le début d’un long tunnel. Entre 2000 et 2004, des problèmes à répétition aux chevilles le contraignent à se contenter de jouer 57 matchs (4 en 2000-01, 14 en 2001-02, 29 en 2002-03 et une saison blanche en 2003-04).

La galère médicale ne lui laisse aucun répit. Il enchaîne blessures et opérations et, en mars 2003, Grant Hill passe tout près de la fin. Après une énième fracture de la cheville, il passe à nouveau sur le billard. 5 jours après l’opération, il est pris d’une fièvre intense et de convulsions. Rapidement emmené à l’hôpital, les médecins repèrent un Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (MRSA), une infection potentiellement fatale. Après six de mois de convalescence et des mois de rééducation, Hill est de retour sur les parquets à l’ouverture de la saison 2004-05. Et comme si cela n’était pas suffisant, c’est également en 2003 que Grant Hill apprend que sa femme, la chanteuse RnB Tamia, est atteinte de la sclérose en plaque…

Les fans du Magic vont toutefois avoir la chance de voir Grant Hill à l’œuvre. Suite à cette année 2003 horrifique pour lui, 2004 lui permettra de renaître. A 32 ans, il est débarrassé de ses pépins de cheville qui le poursuivent depuis 4 ans. Transfiguré, moins physique et aérien, Hill voit à nouveau du temps de jeu. En 67 matchs en 2004-05, il cumule des moyennes 19,7 points, 4,7 rebonds, 3,3 assists et 1,4 interceptions par match. Malgré les blessures, sa popularité est restée intacte: les fans le propulsent à nouveau comme titulaire au All-Star Game. En plus de cela, il reçoit à l’issue de la saison le Trophée Joe Dumars, décerné au joueur « représentant le mieux les valeurs du sport sur le terrain, le comportement éthique, le fair-play et l’intégrité ».

Ce retour et cette bonne saison 2004-05 ne sont toutefois qu’un intermède dans sa galère floridienne. Après les chevilles, des problèmes à l’aine et au dos viennent hanter le joueur. Il ne joue que 21 matchs lors de la saison 2005-06 et en 2006-07, il revient à son niveau, en soutien de Dwight Howard et Jameer Nelson.

La renaissance

Free agent à l’été 2007, Grant Hill quitte Orlando et signe à Phoenix pour deux ans, où il rejoint Steve Nash, Amare Stoudemire, Leandro Barbosa, Shawn Marion et Shaq O’Neal. Le jeu up-tempo de Mike D’Antoni, la multiplicité des options offensives et les traitements suivis durant l’été font que Grant Hill retrouve des conditions favorables pour retrouver son jeu. Malgré plusieurs petits à-coups physiques (notamment une appendicectomie en janvier), il joue 70 matchs sur la saison, en commençant 68 d’entre eux, et cumule des moyennes de 13,5 points et 5 rebonds par match. Des moyennes plus qu’acceptables pour un joueur de 35 ans ayant connu autant de graves problèmes physiques. A l’issue de la saison, il remporte à nouveau le Trophée Joe Dumars, devenant le premier joueur à le remporter à deux reprises.

Signé pour 2 ans dans un premier temps, Grant Hill prolonge son séjour dans l’Arizona. Il reste en tout cinq saisons du côté des Suns, remplissant le job de role player de luxe dans le roster ultra-dense de la franchise. Parvenant à signer des saisons complètes sans manquer de matchs, Grant Hill retrouve les jambes de son début de carrière. Moins explosif et spectaculaire, il sait se rendre utile dès que le besoin se fait sentir. Son expérience et son sens du jeu font de lui un starter indispensable, partageant son temps de jeu avec des Vince Carter, Hedo Turkoglu, Jared Dudley ou Jason Richardson.

Lors de la saison 2010-11, il est d’ailleurs rentré dans les cahiers d’histoire en devenant le 7ème joueur de l’histoire à scorer 13 points ou plus en moyenne à plus de 38 ans (aux côtés, entre autres, de Kareem Abdul-Jabbar, Michael Jordan et Karl Malone). Aussi, à l’issue de la saison 2010, il a retrouvé « son » Trophée Joe Dumars, pour la troisième fois en cinq ans.

A l’été 2012, Hill prend la décision de quitter Phoenix. Tous les contenders pour le titre sont sur le coup pour le signer (OKC, Miami, les Clippers, les Lakers, NYK). Et c’est vers les Clippers que se porte le choix le Grant Hill pour sa dernière saison. Gêné par des problèmes au genou, il fait ses débuts durant le mois de janvier. Peu utilisé par Del Negro, il ne joue que 29 matchs et 15 minutes en moyenne. Venu à LA avec l’espoir de décrocher un titre avant de partir, il déchante très rapidement, les Clippers se faisant balayer d’entrée de jeu par les Grizzlies.

Une sortie par la petite porte pour un joueur au talent fou, que les blessures ont empêché de devenir la star qu’il aurait dû être mais dont l’abnégation et l’envie lui ont toujours permis de repousser les limites du possible.

Marié et père de deux enfants, Grant Hill peut se concentrer sur ses activités loin des parquets. Fils d’une ancienne colocataire de Hillary Clinton, Grant Hill a noué des liens au sein du Parti Démocrate, soutenant John Kerry en 2004 et Barrack Obama en 2008. Il est également grandement impliqué dans différentes causes sociales, telles que l’association « Stop MRSA Now! » et de nombreuses campagnes visant à encourager l’accès à l’éducation pour toutes les couches de la population. Enfin, passionné d’art, Grant Hill possède une collection d’œuvres afro-américaines, se concentrant sur le travail de Romare Bearden et Elizabeth Catlett. Une nouvelle vie commence pour lui, désormais.

Palmarès et stats en carrière

• NBA co-Rookie de l’année (1995)
• NBA All-Rookie First Team (1995)
• 7 fois All-Star (1995–1998, 2000–2001, 2005)
• 1 fois All-NBA First Team (1997)
• 4 fois All-NBA Second Team (1996, 1998–2000)
• 3 fois NBA Sportsmanship Award (2005, 2008, 2010)
• 2 fois NCAA champion (1991–1992)
• ACC Player of the Year (1994)
• NABC Defensive Player of the Year (1993)
• Consensus NCAA All-American First Team (1994)
• Consensus NCAA All-American Second Team (1993)
• 17.137 points (48,3% aux tirs)
• 6.169 rebonds
• 4.252 assists
• 1.248 interceptions
• 576 blocks