A deux semaines du début de la grande compétition (qui aura lieu en partie en France, rappelons-le, du 5 au 20 septembre), il nous faut revenir sur ces quatre groupes d’équipes en compétition. Le premier tour ne sera pas vraiment le plus intéressant puisque 4 des 6 équipes seront qualifiées pour les huitièmes de finale.

Favoris

• FRANCE

Sans faire de chauvinisme mal placé, la France, championne d’Europe en titre (2013) est le grand favori de ce groupe. Vincent Collet a rapidement mis fin au suspense du 12 final en évinçant Thomas Heurtel et Mouhammadou Jaiteh. Il est revenu sur ses choix en conférence de presse:

Le groupe:

• Meneurs: Antoine Diot, Tony Parker,
• Arrières: Nando de Colo, Evan Fournier
• Ailiers: Nicolas Batum, Mickaël Gelabale, Charles Kahudi
• Intérieurs: Alexis Ajinca, Boris Diaw, Rudy Gobert, Joffrey Lauvergne, Florent Pietrus

Les choix sont relativement justifiés et au vu de la préparation, cette formation a les armes pour chercher un doublé historique. Nos démons sont toujours les mêmes: des moments de panique en attaque où plus rien ne rentre (notamment à 3pts), des soucis sur la défense du pick-n-roll et la TP-dépendance. La variété des options offensives sera de mise, on attend Batum, Diaw mais aussi nos pivots très prometteurs, Gobert ou Ajinca pour punir sous le cercle.

Tony Parker (L’Equipe): Tu ne peux pas gagner un championnat d’Europe en ne faisant que des pick & roll, il faut de l’alternance. Il faut qu’on ait un fond de jeu, des systèmes longs, qu’on fasse travailler l’adversaire, qu’on l’oblige à défendre. On peut encore progresser sur ça. Il faut qu’on arrive à installer notre jeu même sous pression.

Néanmoins, Vincent Collet fustige déjà l’organisation multi-polaire de cet Euro du point de vu de la récupération notamment:

V.Collet: Dans un Euro, quand tu joues deux matches en deux jours, tu restes sur place. Normalement le deuxième jour on fait du soin, là on fait du bus.

Outsiders

• POLOGNE

Voici le véritable ennemi de la France dans ce groupe. Les polonais acquièrent ce statut grâce à la venue d’un américain, A.J Slaughter, connu de tous les amateurs d’Euroleague, Mike Taylor (coach) a fait le forcing auprès de la fédération polonaise pour que le passeport du joueur soit le plus rapidement délivré:

Son arrivée nous donne un nouveau statut, nous sommes vraiment compétitifs à présent; il a un talent énorme et se dévoue pour l’équipe. Nous construisons cette équipe en se basant sur la réussite que nous avons eu dans les préparations l’année dernière, l’alchimie collective est notre priorité

Taylor a surtout une solution simple et possiblement efficace: un backcourt dynamique sous l’aile de Slaughter et une menace intérieur constante avec Marcin Gortat, le leader de cette équipe. L’éviction de Maciej Lampe laisse tout de même assez dubitatif, il ne rentre plus dans les plans du coach américain, fin de la discussion selon les intéressés… On attend, à la place, de grandes choses du duo Waczynski/Ponitka sur l’aile, deux talents très prometteurs qui peuvent claquer entre 10-15pts dans un match.

Les 12 hommes sélectionnés: Dardan Berisha, Aaron Cel, Aleksander Czyz, Marcin Gortat, Karol Gruszecki, Przemyslaw Karnowski, Lukasz Koszarek, Damian Kulig, Mateusz Ponitka, AJ Slaughter, Adam Waczynski, Przemyslaw Zamojski.

• RUSSIE

C’est un peu le second favori par défaut mais vu l’homogénéité du groupe, ce qualificatif tombe à la trappe: une fédération russe chamboulée et des absents de taille ont rythmé l’été. Coach Pashutin a dû faire face aux pires conditions de travail durant ces derniers mois. On ne verra pas Sasha Kaun (retraité), ni Timofey Mozgov (opération), Sergey Karasev s’est blessé durant la préparation, Alex Shved doit suivre un traitement pour son dos…… Cependant, les menaces de la FIBA le 29 juillet dernier d’exclure les russes ont failli mettre fin à ces préparatifs.

A.Ponkrashov: Nous nous sommes réunis, on a discuté de tous ces problèmes et on a décidé de continuer à se préparer normalement. On n’avait aucun intérêt à réfléchir à toutes ces choses qui ne dépendent pas de nous.

La FIBA n’a pas suspendu l’équipe, pour l’instant, et ne devrait pas le faire, il s’agit vraisemblablement de manœuvres plus politiques qu’autre chose. Autre arrivée intéressante, Vorontsevich, qui avait manqué tout l’Euro 2013 à cause d’une blessure. Ponkrashov commente l’état du groupe:

La seule chose qui nous manque, c’est un vrai leader, un joueur qui prendra les shots décisifs en fin de match.

Sans Kirilenko (il concourt à la présidence de la Fédération Russe à présent) et même Khryapa, on peut dire que la Russie réalise sa transition générationnelle. On attend un Sergey Monya de gala pour porter son équipe à ne pas terminer dans les deux derniers disqualifiés.

•  FINLANDE

On connait cette équipe, à présent, spécialisée dans le shooting longue-distance et les victoires surprises face à des adversaires ayant le tort de les sous-estimer. Les Finnois vont s’appuyer sur leur jeunesse et leur fougue à 3pts pour faire vaciller quelques favoris, au hasard la France. En effet, la Finlande est allée remporter le premier match de préparation des Bleus, qui se sont pris un 8/9 à 3pts dans les gencives durant le seul premier quart-temps.

Ce sera le scénario à suivre: soit la Finlande fait le trou et tient son match, soit elle perd lourdement contre une équipe soit disant à sa portée. On attendra donc un Koponen de gala, il ne sera pour autant pas esseulé puisque la naturalisation du meneur américain Jamar Wilson apporte un vrai plus dans l’arsenal offensif de l’équipe. Un vrai « guard », à la Bobby Dixon, il dynamite les raquettes par sa vivacité et son penchant à attaquer le panier.

Nul doute que le resserrement des raquettes permettra la libération de pas mal de shooteurs, c’est en tout cas le plan souhaité. Wilson a un passé: meilleur marqueur de la ligue finnoise, ses coups de chaud seront à redouter:

Autres

• BOSNIE-HERZÉGOVINE

Les moins de 16 ans ont remporté fin août la médaille d’or de leur Eurobasket, fêtés par 50.000 personnes à leur retour à Sarajevo. A présent, tout un peuple nourrit l’espoir que son équipe A fasse un beau parcours dans la compétition. Difficile de croire aux chances de la Bosnie quand Mirza Teletovic et Jusuf Nurkic, les deux NBAers, véritables leaders offensifs, sont absents pour blessures. Il y a bien la naturalisation des deux américains, Alex Renfroe (Alba Berlin) et Zach Wright (Brose) pour épauler un roster qui en a bien besoin.

Ne comptez pas sur Dusko Ivanovic (coach) pour jeter l’éponge pour autant, l’équipe travaille d’arrache-pied, 6 heures par jour, et certains joueurs se sont déjà exprimés :

On travaille et on dort, c’est tout ce qu’on fait

Certains parlent d’un véritable camp de l’enfer. Là où les chances de la Bosnie ont vraiment été hypothéquées, c’est la troisième absence: Nihad Djedovic. L’équipe a terminé à 2-6 sa préparation avec plusieurs défaites lourdes dans l’escarcelle. Une Bosnie sans ses cadres, même avec un Ivanovic en mode Patton, il faudra batailler dur pour attraper la 4ème place.

• ISRAËL

Clairement le petit poucet du groupe. Un trio d’ailiers porte l’équipe à bout de bras: Omri Casspi, Shawn Dawson et Lior Eliyahu. Le premier, NBAer, est largement responsable de la qualification de son équipe à l’Euro, néanmoins, il ne peut pas tout faire. Les deux matchs contre la Serbie en préparation ont été assez forts d’enseignement, les israéliens ont soufflé le chaud et le froid pour connaitre la défaite à chaque fois.

Casspi s’avère en fait être le VRP le plus efficace pour ramener des joueurs NBA dans son pays, avec Cousins et Butler récemment, puisqu’il a resigné aux Kings mais autrement…. Comme la Finlande, il faudra se méfier de l’eau qui dort et d’un ancien NBAer, Gal Mekel:

Finalement, si les quelques cartons de Casspi peuvent faire la différence, une des 4 places reste jouable avec la Russie ou la Finlande, rendant ce groupe d’autant plus dangereux par le potentiel exploit d’une équipe sur un ou plusieurs matchs. Une qualification sera déjà une bonne avancée pour les israéliens au vu de leur préparation et de leurs lacunes en terme de jeu d’équipe…