David Robinson – L’Amiral

Homme éduqué, pivot aux qualités hors normes, David Robinson fait partie de la génération dorée de pivots qu’a connue la NBA dans les années 90. Fidèle, associé à la Navy et aux Spurs, l’Amiral a tout gagné, individuellement en début de carrière, puis collectivement, après l’arrivée de Tim Duncan.


Pas d’ambition NBA

Né à Key West, en Floride, David Robinson est le fils d’un officier de la marine américaine. Au gré des déménagements, il intègre le lycée d’Osbourn Park, en Virginie. Pas encore un géant (1.80m à 16 ans), il pratique plusieurs sports, notamment l’athlétisme. Il joue un petit peu au basket mais n’intègre pas l’équipe du lycée.

À l’orée de sa dernière année au lycée, David Robinson prend près de 20 centimètres. Il devient le pivot dominant du district mais sa réputation ne dépasse pas ces frontières. Il n’a qu’un an de basket organisé derrière lui, n’a jamais participé à un camp et n’a pas l’ambition de faire carrière. Bon élève, il intègre l’United States Naval Academy.

En croissance continue, il poursuit le basket toujours sans intention de devenir un joueur pro. Chez les Midshipmen, il prend le numéro 50, en hommage à Ralph Sampson. Façonné durant 3 ans par Paul Evans, futur coach de Pitt, il devient le meilleur joueur de l’histoire d’une université pas franchement habituée à former des sportifs de haut niveau. Trop grand pour devenir un marine, il a considéré quitter l’académie au bout de 2 ans avant de suivre un cursus pour devenir ingénieur.


David Stern : « Ce n’est jamais arrivé avant »

david.robinsonDu côté du basket, David Robinson remporte les Naismith et Wooden Awards en 1987. Il mesure 2.16m, il est rapide, puissant, agile et athlétique. Il bloque 14 tirs en un match, record NCAA, et tourne à 28.2 points, 11.8 rebonds et 4.5 blocks lors de son année Senior. Les Spurs, titulaires du premier choix de la draft 1987, décident de miser sur lui. Néanmoins, The Admiral, dont le vrai grade dans la Navy est Lieutenant, Junior Grade, a encore deux ans d’obligations militaires à réaliser. Une situation particulière, comme l’expliquait David Stern.

David Stern : D’après ce que nous a dit le secrétariat de la Navy, David Robinson ne sera pas disponible à plein temps pour la NBA pendant 2 ans. À mi-temps, nous ne savons pas. Est-ce que les Spurs peuvent retenir ses droits de draft plus d’un an car il est en service ? C’est quelque chose que nous allons étudier. Ce n’est jamais arrivé avant.

À l’été 1988, il participe aux Jeux Olympiques de Séoul avec Mitch Richmond, Danny Manning, Hersey Hawkins, Stacey Augmon, Charles Smith ou Willie Anderson. En demi-finale, malgré 19 points à 50% et 12 rebonds de Robinson, les américains sont battus 82-76 par les soviétiques menés par Rimas Kurtinaitis (28pts) et Arvydas Sabonis (13pts-13rbs). David Robinson repart tout de même avec la médaille de bronze après une rouste infligée à l’Australie (78-49).

En 1989, David Robinson peut enfin jouer en NBA mais, comme il n’a pas signé de contrat avec les Spurs, peut se représenter à la draft. Les rumeurs vont bon train. David Robinson peut faire faux bond aux Spurs, une franchise morose, qui n’a pas fait mieux qu’un premier tour de playoffs et 41 victoires depuis 6 ans. Coachés depuis un an par Larry Brown (champion NCAA en 1988), les Silver and Black n’ont gagné que 21 matchs en 1988-89. Les perspectives sont donc peu réjouissantes. Deux ans plus tôt, valait-il mieux miser sur Scottie Pippen, Kevin Johnson, Horace Grant ou Reggie Miller ?


Un début de carrière idéal

David Robinson signe finalement son contrat et obtient l’assurance d’une revalorisation salariale chaque année en fonction des hauts salaires de la league. L’investissement permet aux Spurs de retrouver de la respectabilité, passant de 21 à 56 victoires — la meilleure progression de l’histoire à ce moment-là, les Spurs ’98 (avec Duncan) puis les Celtics ’08 feront mieux. Ses partenaires se nomment alors Terry Cummings, Rod Strickland et son ex-partenaire en Corée du Sud Willie Anderson.

Ses débuts sont une réussite totale : 24.3 points, 12 rebonds, 3.9 blocks, 53.1% au tir. Il est le meilleur scoreur de l’équipe 46 fois et le meilleur rebondeur 61 fois. Il est logiquement élu rookie de l’année et reçoit une invitation au All-Star Game (15pts-10rbs, 7/12 pour ses débuts). Il bloque 12 tirs (career high) dans un match face aux Wolves et gagne immédiatement sa place dans la All-Defensive Second Team. En playoffs, D-Rob maintient le cap (24ppg-12rpg-4bpg) et les Spurs sont éliminés en demi-finale de conférence par les Blazers (4-3).

Individuellement, son début de carrière est idéal. Reconnu pour son impact offensif et défensif, il récolte de nombreux awards : All-NBA First Team et NBA All-Defensive First Team en 1991 et ’92, puis NBA Defensive Player of the Year en 1992. Il rejoint aussi Cliff Hagan et Larry Bird dans le club des joueurs présents dans le top 10 de 5 catégories statistiques (points, rebonds, blocks, steals et FG%). Il est aussi le premier à être dans le top 5 des rebonds, blocks (4.5bpg, record en carrière) et steals. Toutefois, cette saison 1991-92 n’est pas aussi jolie qu’il n’y parait avec le départ de Larry Brown en milieu de saison puis une blessure à la main mi-mars qui le condamne à manquer toute la fin de saison.

Rétabli, il part à Barcelone comme membre de la Dream Team. Il se fend de 3 matchs à plus de 10 points (11 contre le Brésil; 14pts-7rbs en quart contre Porto-Rico; 13pts-8rbs contre la Lituanie) et rend un joli 9 points à 3/3 en finale contre la Croatie.


Quadruple double et 71 points

Cette expérience hors du commun passé, l’Amiral rentre à San Antonio pour livrer une saison de titan. Il joue les 82 matchs et passe 3 211 minutes sur le parquet, un record de franchise. Il tourne à 23.4 points, 11.7 rebonds, 3.2 blocks et 1.6 steals, il est retenu dans les All-NBA Third Team et NBA All-Defensive Second Team. Il est aussi le pivot titulaire de l’Ouest au All-Star Game pour la troisième année consécutive, exposition qu’il justifie avec 21 points et 10 rebonds. Mais, collectivement, les Spurs sont sortis en demi-finale de conférence par les Suns de Charles Barkley.

David Robinson est alors à son apogée. Sa patte gauche est un cauchemar pour les défenses. Il est rapide comme peu de 7-footers et sa présence défensive impose le respect de ses pairs et des médias. À l’intersaison, Dennis Rodman est recruté, ce qui donne un David Robinson plus offensif, 29.8 points (career high) à 50.7%, 10.7 rebonds, 4.8 assists (career high) et 3.3 blocks. Il devient aussi le quatrième joueur à réaliser un quadruple double, 34 points, 10 rebonds, 10 assists et 10 blocks, dans une victoire face aux Pistons (115-96).

Lors du dernier match de la saison, il claque 71 points face à des Clippers consentants pour s’adjuger le titre de meilleur scoreur. Il devient alors le quatrième joueur à passer la barre des 70 points. Deuxième à l’élection du MVP, derrière Hakeem Olajuwon, il ne peut empêcher l’élimination des Spurs au premier tour face au Jazz.

L’année suivante, il pose encore des stats incroyables (27.6ppg-10.8rpg-3.2bpg-2.9apg) et mène les Silver and Black au meilleur bilan de la NBA (62-20). David Robinson obtient le MVP ’95. Après le sweep des Nuggets et une bataille en 6 matchs face aux Lakers, les Spurs se retrouvent face aux Rockets, champion en titre. L’affrontement tourne rapidement à l’avantage d’Olajuwon surmotivé (35.3ppg-12.5rpg-4.2bpg en 6 matchs). Peu à peu, Robinson obtient l’étiquette d’un joueur soft et incapable de faire gagner son équipe en playoffs. Dennis Rodman, transféré aux Bulls, attise les braises.

David Robinson est alors dans la league depuis 6 ans. Il a remporté tous les awards à sa portée (ROY, DPY, MVP), il a dominé la league au scoring, au rebond, il est allé 6 fois au All-Star Game et fait partie 3 fois des All-NBA First Team et NBA All-Defensive First Team. Cependant, collectivement, malgré de beaux résultats en saison régulière (plus faible nombre de victoires : 47; 5 saisons à plus de 50W; top: 62W), il n’a passé qu’une fois le deuxième tour des playoffs. La saison 1995-96 ne change pas la donne. Il est tout de même nommé parmi les 50 plus grands joueurs de la NBA.

Pour la troisième fois consécutive, il participe aux Jeux Olympiques en 1996, à Atlanta. Il tourne à 12 points par match, score notamment 18 points contre l’Argentine et livre une magnifique finale, 28 points à 9/11 au tir, 10/14 aux LF, et 7 rebonds contre l’ex-Yougoslavie.


L’association David Robinson – Tim Duncan

Avant la reprise, David Robinson se blesse au dos. Il revient, joue 6 matchs et se fracture le pied gauche. Cette blessure pose les fondations des succès futurs. Bob Hill, coach depuis 1994, est viré au bout de 18 matchs (15L) et remplacé par Gregg Popovich. Dominique Wilkins, revenu de Grèce, joue les leaders offensifs le temps d’une saison tanké à 20 victoires. Le résultat de cette year off se résume à un nom : Tim Duncan.

David Robinson et Tim Duncan affichent une complémentarité rare à ce niveau. D-Rob accepte sans rechigner de céder une part de ses responsabilités à un rookie à la mentalité exceptionnelle. Gregg Popovich décrit l’accueil de son pivot à son ailier fort comme un « acte de classe absolu » , expliquant, probablement à juste titre, que peu de stars auraient fait de même.

La progression des Spurs est fulgurante : 36 victoires de plus, record précédent battu. Les stats des deux intérieurs sont à peine croyables : 21.6 points et 10.6 rebonds pour l’Amiral, 21.1 points et 11.9 rebonds pour TD. Les 2 joueurs délivrent 2.7 assists et bloquent respectivement 2.6 et 2.5 tirs par match. Mais en playoffs, le Jazz élimine les Spurs dès les demi-finales (4-1).

Le lock-out ne remet pas en cause l’entente entre les 2 intérieurs. Les Spurs partagent avec le Jazz le meilleur bilan de la league (37-13). La défense est à l’honneur : les adversaires scorent à 40.2%, un record NBA. San Antonio se balade ensuite en playoffs face aux Wolves (3-1), Lakers (4-0), Blazers (4-0) et Knicks (4-1, sans Pat Ewing). Au passage, les Spurs signent une série record de 12 victoires de rang en post-season. Tim Duncan est élu MVP des finales.

David Robinson entame alors un déclin logique, à 34 ans. Il tient son rôle et accompagne l’explosion de Tim Duncan. Néanmoins, en playoffs, les Lakers sont plus forts (sweep en 2001, 4-1 en 2002). Sa carrière est promise à une fin pépère mais, en 2002-03, il épaule la nouvelle génération (Parker, Ginobili, Jackson) dans sa quête d’un titre.

Les Spurs remportent 60 matchs durant la saison et toutes les séries (Suns, Lakers, Mavs et Nets) 4-2. En demi-finale, il prend un rebond décisif au match 5 sur un dernier tir de Robert Horry, qui s’il avait été réussi, aurait permis de réaliser un comeback de 25 points. En finale, il apporte 10.8 points, 7.3 rebonds, 1.8 blocks et 1.2 steals. Une manière idéale de quitter la NBA.

David Robinson : Mon dernier match, vol de banderoles, champion du monde. Comment pouvez-vous écrire un meilleur script que ça ?

Ecrit par:

Jérôme

1 commentaire

  1. Free_Eagle -  7 août 2015 - 16:01

    Ca fait du bien de replonger dans ces années là avec l’Amiral, dont j’aimais bien le style et les qualités d’athléticités et de techniques.

    Merci Jérôme^^

    Répondre

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