Shawn Marion aka The Matrix

L’hommage a été plutôt sobre, lors de la défaite de Cleveland face aux Warriors dans ces Finals 2015. C’était une défaite amer, et surtout, le dernier match joué par Shawn Marion en NBA. Retour sur la carrière d’un ailier atypique qui restera dans les mémoires.


Started from the Bottom, now we’re here

Shawn Dwayne Marion, né à Waukegan dans l’Illinois, élevé par une mère célibataire comptant quatre enfants au foyer (lui et ses trois soeurs), vient d’un milieu plus que modeste et ne croit pas en ses chances d’atteindre la NBA. On peut lire, souvent, qu’il connait la valeur de l’argent du fait de cette enfance peu fortunée, le menant, plus tard, à la création de la Shawn Marion Foundation pour aider les familles monoparentales dans le besoin.

Il fait  tout de même ses classes dans le Tennessee à Clarksille. Il joue avec un autre futur Nbaer, Trenton Hassell, avant d’intégrer l’Université de Vincennes dans l’Indiana où il joue 36 matchs avec des moyennes stratosphériques (23.5pts, 13.1rbds) pour un joueur de 2.01m (103kg). Il sera élu Athlète de l’année par la National Junior College Athletic Association (NJCAA) en jouant à UNLV, où il est transféré deux ans auparavant.

Il n’oublie pas de réussir son diplôme en Communication avant de se retrouver à la draft où sa cote grimpe du fait de capacités athlétiques exceptionnelles, un style de jeu qu’on lui retrouvera en NBA:

Il fait partie du TOP 10 de la Draft 1999 sélectionné en 9ème position par les Suns sur un pick en provenance de Dallas. Il débute une histoire d’amour avec Phoenix qui durera 9 ans au cours desquelles il sera considéré comme étant l’ailier le plus sous-côté de la ligue. Il y avait beaucoup de vrai dans cette assertion, car Shawn aka The Matrix,  est un ailier qui culmine à 21.8pts (52% au shoot avec 16 tirs tentés en moyenne), 11.8rbds, 2steals, 1.7 blocks.

Puissant, rapide, adroit car se projetant vers le panier dans un jeu de transition débridé offensivement, il peut aussi être un peu tête en l’air avec sa fougue.

Il jouera avec plusieurs meneurs stars, de Kidd à Marbury et Nash, connaissant même les dernières années de Michael Jordan. « His Hairness » lui faisant la courtoisie de lui planter un game-winner sur la tête:

Il est le All-Around ailier que toute franchise rêve d’avoir, en noircissant les cases statistiques certes mais avec efficacité. Personne n’a fait mieux sur ces neufs saisons, en regardant des moyennes de plus de 15pts, 9rbds, 1.5st, 1.5blks par match entre 1999/00 et 2007/08:

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Il compte, dans le lot, 4 saisons en double-double de moyenne, il sera évidemment invité au All-Star Game dès la saison 2002/03 suite à son explosion aux Suns, il fera même la campagne catastrophique des J.O 2004 de Team USA (22 capitanats en Team USA).

Outre son habilité physique surprenante, sa défense sur les postes 3-4, et son jeu de transition d’une rapidité phénoménal, il restera un joueur unique par son jumpshot. Souvent modèle de pire shoot de la NBA, celui qu’on surnomme alors le Cobra, a une technique tout à fait peu orthodoxe:

Il connait des années fastes à l’arrivée de Mike D’Antoni à la tête des Suns. Prônant un jeu up-tempo et souvent small ball, le coach fait de Marion sa pierre angulaire derrière son meneur star Steve Nash, Marion devient en 2004/05 le premier joueur depuis David Robinson en 1991/92 à être dans le TOP 5 des rebondeurs et intercepteurs de la NBA, il répètera la performance en 2005/06. Il est notamment l’auteur de plusieurs pointes comme 44pts-15rbds contre les Celtics:

Cette équipe des Suns aura marqué le milieu des années 2000 avec son jeu tout en Run&Gun et trustant les TOP 10. La saison 2005/06 est certainement la plus aboutie de sa carrière: il tourne à 21.8pts-11.8rbds, et devient le seul joueur de la NBA à être dans le TOP 20 aux points, rebonds, steals, blocks, pourcentages aux tirs et minutes, excusez du peu! Il bénéficie aussi des blessures d’Amar’e Stoudemire, qui manque une saison complète, ouvrant les portes  d’un troisième All-Star d’affilée.

Ce genre de stats va lui coller à la peau: il est, avec Garnett en 2006/07, le seul à être dans le TOP 40 aux points/rebonds par match, pourcentages aux tirs, blocks par match, steals par match et minutes….Il brille lors du All-Star 2007 avec 18pts-8rbds-4ast en 22mins dans sa ville de Vegas

Les Suns se désagrègent lentement, puis réellement à partir de la saison 2007/08, il apparait comme la monnaie d’échange principale de l’équipe et c’est sans surprise qu’il est tradé en cours de saison puisque Phoenix ne veut pas lui donner un contrat longue durée au Max. Il parlera de l’organisation des Suns comme d’un mariage qui a tourné au vinaigre, il fait même une déclaration en septembre pour dire qu’il était tant de s’en aller. Une petite pensée pour l’équipe qui mettra en avance la défense en compagnie de Bell, Diaw et Marion.

Marion est envoyé le 6 février 2008 au Heat avec Marcus Banks en échange de Shaquille O’neal, une équipe où il ne restera pas bien longtemps puisque retradé un an plus tard aux Raptors avec Banks contre Jermaine O’Neal, Jamario Moon… Il s’efforce de rester professionnel dans ces deux équipes en reconstruction, il s’en va, par exemple, du Heat, après ce dunk de la gagne:

Pour l’anecdote, le Big Three de Miami (Wade/James/Bosh) n’aurait jamais existé si Shawn Marion avait eu ce qu’il voulait à cette époque. En effet, suite à ses superbes saisons, The Matrix espérait logiquement signer un contrat Max, et son insistance sur le sujet a fait capoter un deal qui aurait envoyé Kevin Garnett aux Suns! Marion ne voulait pas de sign-and-trade en dessous de ses émoluments maximums demandés, donc il est transféré au Heat. Lorsque Miami propose un contrat de 4 ans à Shawn, pas au Max, il refuse et demande à être tradé plus tard aux Mavs (5 ans et 39M$).


En quête d’un titre

A présent, vétéran unanimement reconnu pour ses qualités d’homme et de basketteur, Marion a une belle cote et il veut un titre. Il ne faut pas longtemps pour qu’une équipe se décide, ce sont les Mavs d’un certain Jason Kidd qui l’accueillent après signature d’un contrat de 39M$ sur 5 ans et dans un deal à quatre entre Raptors, Mavs, Grizzlies et Magic. Le hasard fait bien les choses puisque l’escouade, dirigée par Rick Carlisle, est pléthorique en joueurs de bon calibre (Nowitzki, Caron Butler, Jason Terry….). Ils perdent  néanmoins en Finales de Conférence contre les Spurs après avoir finis premiers de la saison régulière.

Il faut attendre la venue de Ty Chandler et un rôle plus important de Shawn suite au départ de Butler, pour chercher un titre. The Matrix tourne à 11.9pts, 6.3rbds dans ces Playoffs et aide à éliminer le Thunder, entre autre:

En Finals, son duel avec Lebron James avait fait grand bruit:

Le 13 avril 2011, Shawn Marion devient le 5ème joueur de l’Histoire à compiler 1500 steals et 1000 blocks en carrière, rejoignant Hakeem Olajuwon, Karl Malone, Kevin Garnett et Julius Erving dans ce club très privé. Il mènera d’ailleurs les Mavs au rebond durant la saison 2011/12 (7.4) ainsi qu’en double-double (11), preuve qu’il gardait de sa fabuleuse musculature. Il célèbre son 1000ème match NBA face aux Suns en décembre 2012, tout un symbole. Il passe aussi la barre symbolique des 17000 points marqués en carrière, rejoignant Olajuwon, Malone et Garnett avec 17000 pts, 9000rbds, 1500steals et 1000blks en carrière.

Toujours à la recherche d’un contender en fin de carrière, il tente sa chance aux Cavs de Lebron James en signant en 2014. Il en profite pour terminer de peaufiner ses stats en saison avec son 10000ème rebond contre le Magic fin décembre. Il annonce dès janvier que ce sera sa dernière saison NBA, dans une certaine indifférence; il ne jouera que très peu sous David Blatt et manquera toutes les NBA Finals, une sortie par la petite porte… Il confirme, quelques jours plus tard, son intention de prendre une retraite méritée après 16 saisons  en NBA.


The Matrix

The Matrix portait bien son nom, Kenny Smith avait vu dès la saison rookie du jeune homme qu’il était tellement versatile et athlétique qu’il deviendrait incontournable dans son équipe. Il quitte la NBA avec quelques années dans les pattes où il aurait clairement pu jouer, la raison principale de son départ est son fils:

La chose la plus importante au monde, pour moi, c’est d’avoir un fils. Je suis lié à lui, et le voir périodiquement, c’est dur. Je ne veux pas continuer à le voir grandir par photos et vidéos interposées.

Le monsieur aura réussi à prouver au monde qu’une mécanique de shoot jugée affreuse peut s’avérer létal dans de bonnes conditions et avec de l’entrainement; il a surtout été un véritable liant entre deux époques, celles où les intérieurs classiques PF/C sont éludés au profit d’ailiers survitaminés à la Lebron James et remettant en cause les fondements mêmes des placements sur le terrain et du un contre un.

Finir près du panier, attraper le rebond, jouer fort et dur en défense, avec un professionnalisme à toute épreuve, Marion aura marqué de son empreinte la première décennie des années 2000 avec une production encore hallucinante vue rétrospectivement.

Son humour n’a jamais été mis en avant et pourtant, il laisse échapper plusieurs moments d’anthologie, dont celui-ci, sur son shoot, encore:


Stats en carrière et Palmarès

  • NBA champion (2011)
  • 4× NBA All-Star (2003, 2005–2007)
  • 2× All-NBA Third Team (2005–2006)
  • NBA All-Rookie Second Team (2000)
  • NBA Shooting Stars champion (2005)
  • First-team All-WAC (1999)

Stats en carrière: 17,700 (15.2 ppg à 48%), 10,101 (8.6 rpg), 2,198 (1.8 apg), 1758 steals (1.51 stpg), 1233 blocks (1.06 bpg) et plus de 40.000 minutes jouées pour seulment 1.5To par match.

Ecrit par:

N.K

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