Après 15 matchs de saison régulière, les Grizzlies et les Raptors ont le meilleur bilan de la NBA (13-2), une situation assez inédite, tandis que des contenders comme le Thunder subissent de plein fouet l’avalanche de blessure qui inonde la NBA. Dans le même temps, plusieurs équipes surprennent (Bucks, Kings) et d’autres touchent le fond, comme les Lakers et Philly. Passage en revue des TOP et FLOPS de ce début de saison.

Pattes d’Oursons et de Dinos

Nous les avions peut-être sous-estimé du côté du Tennessee, et les Grizzlies montrent à tous l’étendu de leur talent en la personne de Marc Gasol. L’Espagnol est le moteur de cet effectif, il a passé un cap cette année, prenant le véritable lead de l’équipe (qui en manquait franchement), chiffres à l’appui:

Il passe de 14.6pts (à 47.3% pour 12.1 shots tentés, 76.8% aux lancers-francs), 7.2rbds, 3.6ast et 1.3 blks durant la saison 2013/14 à 19.8pts (50% de réussite pour 14 tirs tentés, 83.7% aux lancers-francs), 8.3rbds, 3.1ast, 1.6blks et 1.3steals par match. Une nouvelle dimension qui se traduit dans sa Player Efficiency (PIE) par un 16.8% mais surtout un très bon rating défensif de 98. Ce dernier rating est d’ailleurs soumis au jeu de l’équipe et à l’efficacité des coéquipiers d’un joueur, il n’est donc pas très étonnant de voir Mike Conley (94.5) et Courtney Lee (99.3) dans ce classement.

Les Grizzlies trouvent enfin une alchimie collective derrière un leader charismatique dans le jeu et dans le vestiaire, Kobe Bryant disait de Marc Gasol qu’il était un vrai « badboy » et qu’il avait « TOUT pour lui« . On trouve un Big Three très qualitatif dans cet effectif, derrière Gasol, Zach Randolph (16.1pts, 11.6rbds) et Mike Conley (16.4pts, 6.2ast) sont au diapason et peuvent se concentrer sur leur jeu. La qualité est le maitre-mot de ce roster, puisque sans les blessures de la saison dernière, on trouve un Courtney Lee excellent en tandem avec Tony Allen et tous ces back-up de luxe: Vince Carter, Koufos, Leuer, Prince qui se sont affirmés au gré de leurs titularisations.

Pour terminer, un chiffre: 9-0. C’est le bilan des Grizzlies contre les équipes de la Conférence Ouest, ils ont notamment défait les Rockets, les Pelicans et les Clippers avec, à chaque fois, plus de 10 points d’avance au score.

Du côté de la Conférence Est, ce sont les Raptors qui font du bruit sur et en dehors du terrain. Ils viennent tout juste d’enchainer une sixième victoire consécutive (3ème meilleure série en cours de la ligue) en comptant sur leur efficacité offensive pour le coup. C’est la 2nde équipe de la NBA aux points marqués par match (108.0) avec le 2nd meilleur rating offensif (115.0) et, plus impressionnant, le 7ème plus petit nombre de points encaissés par match (96.4), même topo sur le rating défensif (102.7).

Peu de louanges pour Dwane Casey et ses protégés dans les médias traditionnels, alors que l’équipe réalise certainement un de ses meilleur début de saison. Outre son attaque débridé emmené par Kyle Lowry (18.1pts, 5.5rbds, 6.6ast) et DeRozan (20.7ppg), c’est dans un secteur inattendu que les Raptors mènent cette ligue: aux pertes de balles. Sur 100 possessions, l’équipe est numéro une de la NBA (11.5 TO) avec les Pelicans, juste devant les Mavs. Cette absence de gabegie couplée aux multiples interceptions des slashers de l’équipe (6ème de la NBA avec 8.4 par match), un combo détonnant pour un équilibre attaque/défense efficace.

Enfin, n’oublions pas le facteur le plus important: les surprises de l’effectif. Personne ne donnait cher de la peau de Lou Williams, ce dernier tourne à 14.2ppg en sortie de banc avec 1.7 3pt planté par match, il retrouve ses stats des Hawks et sa forme, épaulé par les Terrence Ross, James Johnson, Greivis Vasquez, un des backcourt les plus fourni de la ligue. On pourrait croire que la raquette est délaissée (c’est un peu le cas vu le nombre de rebonds pris par match (25ème)) mais Jonas Valanciunas devient un vrai point d’ancrage dans la peinture, avec constance (12.3pts à 59%, 8.1rbds).

C’est qu’on en vient à entendre les chants des fans des Raptors plus souvent dans les arènes ennemies:

La part belle à la jeunesse

Nul besoin de revenir sur les très bonnes perf’ des joueurs des Warriors mais un mot: Stephen Curry connait sa meilleure saison en carrière (24.2pts à 49.8% et 3.5 3pt par match, 5.5rbds, 7.7ast, 2.1st), son rendement et son impact au sein de l’effectif, WOW!

Du côté des Rockets, même son de cloche, l’attaque à outrance fonctionne toujours aussi bien, et quand bien même certains joueurs sont blessés comme Jones ou Howard, McHale trouve de la qualité à tous les étages, à l’instar de Donatas Motiejunas auteur de 16pts (61.8% au shoot), 8.7rbds, 1.7ast, 1.3st depuis 3 matchs de titularisation. Portland est également sur une belle série, avec 9 victoires consécutives, porté par son trio Aldridge (21.2pts, 9.1rbds), Lillard (20.1pts, 5.3rbds, 6.5ast, 1.3st), Wesley Matthews (16.3ppg).

Cependant, pour chercher quelques surprises et/ou confirmation d’espoirs, il faut aller dans la Conférence Est. En effet, Wizards (2) et Bulls (3) sont les vrais adversaires des Raptors pour l’instant. A Washington, on profite d’un calendrier favorable (13 matchs sur 14 contre des équipes de la même Conférence) pour continuer à créer une alchimie collective, qui se met lentement mais sûrement en marche comme le montrent les chiffres offensifs, John Wall est le leader d’un 5 majeur en double-figure:

Oui, Randy Wittman arrive pour l’instant à tirer des choses de cet effectif mais dans le jeu et sur la longueur, l’inquiétude pèse sur la régularité, la constance et l’application de ce « système » qui tourne autour de Wall.

Dans l’Illinois, a contrario, on ne s’attendait peut-être pas à un tel scénario: Pau Gasol a fait un retour en forme fracassant, prouvant qu’il était bien bridé du côté de L.A et qu’il était capable du meilleur dans un système bien rodé comme celui de Thibodeau vu son QI basket élevé. Il réalise sa meilleure saison offensive depuis 2006/07 avec 19.3pts par match, 10.5rbds et 2.3blks. Il tient l’équipe en compagnie de Jimmy Butler – toujours à la recherche d’un vrai contrat lucratif – bien parti pour remporter le titre de MIP: il passe de 13.1pts à 39% la saison dernière à 21.6pts (50% de réussite), 6.1rbds, 3.2ast, 1.6st, devenant un arrière accompli. Seule ombre au tableau, les blessures récurrentes de Derrick Rose puis Taj Gibson, Kirk Hinrich etc…et la baisse de régime de Jooks qui fait ses pires moyennes depuis 5 ans (7.9pts, 9.2rbds, 4.3ast, 1.3blks).

Terminons avec une surprise, ce sont bien des Bucks que nous allons parler! Oui, Milwaukee est 4ème de la Conférence Est avec le 6ème meilleur rating défensif de la ligue et une clique inconcevable de joueurs pouvant contribuer sur le banc (Ilyasova, Mayo, Antetokounmpo etc…), et qui peuvent alterner les positions entre starters et banc. Vous n’oublierez pas de voter pour Brandon Knight afin qu’il fasse le ASG, ce n’est pas le PG ultime mais il porte offensivement son équipe:

Lakers-Sixers-Losers

Évacuons d’un revers de la main deux équipes, touchées par une armada de blessures: le Thunder et les Wolves; il ne serait pas farfelu de rajouter les Knicks à la dérive (4-12), coincés entre leur nouveau système de jeu et les blessures notamment celle de Melo. Aucune place pour les Cavs cependant, ils sont 7ème, ils déçoivent, les médias épient les moindres mouvements/paroles de chaque Star vis-à-vis de Blatt et de la direction, ça en devient ridicule.

Tirons alors sur l’ambulance avec les piètres Lakers et les affreusement mauvais Sixers, deux équipes qui squattent chacune la lanterne rouge de leur Conférence respective; il faut néanmoins un courage admirable à Philly pour ne pas rencontrer une seule victoire en 15 matchs. C’est évidemment leur pire début de saison historique, à une défaite du record NBA de 2009/10 détenu par les Nets. Le pire, c’est que Philly a eu l’occasion d’affronter 9 équipes de la même Conférence!!!

Sur ces 15 défaites, 10 l’ont été de 10 points ou plus avec deux pointes contre les Spurs (-35) et les Suns (-26). Évidemment, les chiffres globaux sont aussi catastrophiques qu’attendus:

ESPN sortait une stat’ assez intéressante sur les chances de victoires de cette team. Elle a 44% de chance de remporter une rencontre à partir d’aujourd’hui, et ce 44%, ce serait contre les Lakers le 15 mars prochain….C’est la seule équipe de la NBA qui marque moins de 90pts par match (89.9), avec la pire réussite au shoot (41.3% et 29.7), étant même dernière aux lancers-francs (65.7%). Deux joueurs émergent de ce marasme pour « stater », Tony Wroten (17.9pts à 41%, 6.3ast, 1.9st et 4.5TO) a tenu la baraque quand Michael-Carter Williams était blessé, ce dernier a repris le flambeau un fois de retour (14.3pts à 34.4%), 5.9rbds, 4.5ast et 4TO).

Les médias et joueurs commencent à tourner en ridicule cet effectif avec cette question: l’équipe de Kentucky pourrait-elle battre cette équipe des Sixers? Une blague qui ne fait pas rire les jeunes pousses de Philly, notamment Nerlens Noel:

Passons aux Lakers, un des plus gros marché à la merci de la nullité de son recrutement. Cette curiosité morbide qui pousse à éplucher les stats pour voir des records de pathétique tomber atteint aussi la cité des Anges et son Franchise Player, Kobe Bryant. Il bat un record – qui n’étonnera personne – celui du plus grand nombre de shots manqués dans l’Histoire de la NBA, dépassant John Havlicek dans la discipline:

Une situation qui ne réjouit pas l’intéressé:

Orange County : « Je cèderai bien des tickets shots, très volontiers! Si vous pensez que je veux shooter autant par match à 36 ans, vous êtes fous »

ESPN : « J’aimerais vraiment que mes partenaires soient tout de suite dans le match mais si vous voyez un sac se faire voler devant vous, combien de pâtés de maison allez-vous attendre avant d’arrêter le voleur? Je veux que les autres s’impliquent et jouent, mais quand vous prenez 10-12 points de retard rapidement, je dois nous garder en vie, et c’est dur, très dur. « 

Les Lakers n’ont gagné qu’un match en 10 rencontres, soit le pire début de saison et pire rating défensif (113.7) de l’Histoire de la franchise. Ces Lakers encaissent 110.8pts par match, la dernière équipe à encaisser autant de paniers, ce sont les Warriors de 2009/10 (112.4pts) mais avec la 2nde attaque de la ligue, pas la 13ème…. Et Byron Scott cautionne cette approche, parlant d’une « épée à double-tranchant » en se servant de Kobe comme vecteur unique de l’offense, un vecteur qui tente 23 tirs par match et n’en réussit que 8.9, à bientôt 37 ans.

Heureusement pour L.A, Nick Young a fait son retour de blessure tandis que Steve Nash prend sa retraite, Julius Randle ne rejouera plus cette année comme Xavier Henry. Quelle déception aussi de voir le rendement de Jeremy Lin tout juste très moyen comme Boozer, la seule bonne surprise, c’est Jordan Hill (13.7pts, 9.8rbds). Certains affirment que le Black Mamba attend de dépasser Jordan aux points marqués All-Time (31.973 pour KB, 32.292 pour MJ) avant de prendre sa retraite…c’est une façon de voir l’avenir, il n’y aura pas de playoffs pour ces Lakers-là.