Assembler des Superstars, la recette secrète pour un titre?
Après le départ de Lebron James pour le Heat, afin de former un trio avec Wade et Bosh, nombreux ont été les commentaires acerbes à l’encontre de cette formation tout à fait artificielle d’une « team ». Le même Lebron James reprend la recette et s’en retourne aux Cavs avec Kevin Love et Kyrie Irving.
Compter 3 superstars dans un effectif, est-ce bien la seule solution pour appréhender un titre facilement? Quel regard peut-on porter sur ce « projet in progress » du point de vu de l’Histoire de la NBA? Nous allons voir plusieurs choses et un facteur essentiel: ce type de regroupement de superstars n’a rien de nouveau dans la NBA, il s’est juste fait de différentes façons et ne mène, évidemment, pas toujours à un titre.
Un Big Three fait de vieux os
D’un point de vu stricto sensu: quand on parle de Big Three, on pense à trois joueurs formant la colonne vertébrale d’une équipe et en assurant les divers tâches offensives et défensives. Ce ne sont pas forcément des Superstars au sens moderne du terme, à savoir des joueurs à plus de 20ppg et 10rbds par match, non, c’est un assemblage exceptionnel et vertueux qui peut mener une équipe très loin.
BleacherReport réalisait d’ailleurs un TOP 50 des meilleurs Big Three de l’Histoire de la NBA, comme suit :
- Bill Rusell, Bob Cousy, Tom Heinsohn
- Jordan, Pippen, Rodman
- Magic KAJ Worthy
- Bird McHale Parish
- Russell Havlicek Sam Jones
- Jordan Pippen Grant
- Reed, Frazier, Debusschere
- Thomas, Dumars, Rodman
- Erving, Moses Malone, Mo Cheeks
- Duncan, Parker, Ginobili
- Chamberlain, West, Goodrich
- Garnett, Pierce, Allen
- Havlicek, Cowens, Jo Jo White
- Mikan, Mikkelsen, Pollard
- KAJ, Magic, Wilkes
- KAJ, O.Robertson Dandridge
- Chamberlain, West Baylor
- Malone, Stockton, Hornacek
- Chamberlain, Greer, Walker
- Hayes, Unseld, Dandridge
Évidemment, tout le monde aura pensé au trio des Bulls, à celui des Celtics, des Lakers, des Pistons, du Jazz, des Spurs etc… Il n’y a pas forcément une décision unilatérale de tel ou tel joueur à partir ou faire venir des compères, et d’autres fois oui, on peut citer le départ de Jabbar pour les Lakers par exemple (plus grand marché, plus de moyens que les Bucks). D’autres sont de véritables constructions, à l’image du trio des Spurs.
Champions par mercenariat?
On ne répond pas à la problématique sous-jacente à ces critiques contemporaines de l’assemblage de superstars: a-t-on connu des mouvements aussi volontaristes, de la part des joueurs, de se retrouver avec des All-Star, en baissant leurs émoluments, pour gagner un titre? Oui, et ce n’est pas une solution pour autant. J’en veux pour exemple 2-3 équipes qui ont tenté l’expérience et se sont vautrées.
D’abord le trio Cassell-Sprewell-Garnett des Wolves, qui a pourtant connu un certain succès mais n’a pas su trouver la solution pour former une véritable équipe soudée. D’autant que les blessures ont joué leur rôle. Il faut néanmoins saluer que la direction a eu une véritable volonté d’entourer leur superstar (Garnett) sous peine de départ de cette dernière – un départ retardé. D’autres n’ont tout simplement pas réussi, même en allant en Finals comme l’ont montré les Nets de Kidd, Carter, Jefferson ou encore les formations de Dallas (Nash, Finley, Nowitzki), Sacramento (Bibby, Stojakovic, Webber) ou Phoenix (Nash, Marion, Stoudemire).
Néanmoins, deux équipes ont véritablement réussi l’exploit de pratiquement tout louper avec ce type de formation. Étrange coïncidence, dans ces deux formations, on retrouve Glenn Robinson aka Big Dog. La première a eu lieu à Milwaukee avec le trio Cassell – Allen – Robinson:
En 2001, ce trio emmène l’équipe à ses premières Finales de Conférence en 15 ans. Néanmoins, il éclate rapidement, la pérennité n’étant pas assuré dans le Wisconsin. C’est au tour d’Atlanta de tenter l’expérience avec le trio Jason Terry, Glen Robinson et Shareef Abdur-Rahim. LA véritable expérience ratée pour tout dire, les dirigeants ont fait le buzz en annonçant qu’ils garantiraient les Playoffs à leurs fans abonnés sous peine de remboursement. Et….les Hawks ont failli lamentablement dans cette saison 2002/03 (35-47).
Il faut aussi citer des assemblages plus modestes, comme le trio Arenas/Butler/Jamison aux Wizards:
Un chemin pavé de bonnes intentions
Former un collectif autour de plusieurs superstars et de préférence d’un Big Three, c’est un peu le schéma classique de toutes les équipes. La réussite est souvent au bout, c’est un fait et c’est logique. La nouveauté vient de l’individualisation de ce sport à outrance et des nouveaux ressorts de communication qui permettent d’appréhender les choix des joueurs. Si personne n’avait su que Lebron James et Chris Bosh étaient en pourparlers afin de signer et de former une équipe pour le titre, les louanges seraient allés à Pat Riley, rien de plus.
Certes, entendre tous les étés à présent des joueurs envoyés des petits messages à leurs camarades superstars pour former une équipe, cela relève du pittoresque et du ridicule. Nous ne voulons pas, en tant que fan, voir disparaitre la grande maxime qui veut que les joueurs passent et l’équipe reste. Le rapport de force semble tellement en faveur des Franchise Player, que la prise d’otage de leur équipe face à leurs désidératas, les font passer pour des divas. On aimerait revoir des mouvements intelligents de GM, construisant un Core équilibré avec des joueurs de devoir et des vétérans.
C’est d’ailleurs ce qu’a fait Miami, en fin de compte. Pour gagner des titres, il fallait des joueurs avec du talent et de l’aplomb derrière le jeu musclé de James, Wade et Bosh, à l’image de Ray Allen. En réalité, ce sont les intentions qui sont visées, pas le résultat. C’est l’évolution du joueur NBA, en tant qu’exemple, qui dérange. Voir la loyauté passer au second plan, les résultats immédiats et le court-termisme privilégié par certains, ne fait pas bonne publicité. Pourtant, cela peut se faire en douceur et avec talent, comme l’ont prouvé les Celtics, en réunissant autour de Pierce, Kevin Garnett et Ray Allen (et tout un par terre de joueurs sous-côtés au talent certain).
Tout ça pour dire que ce procès d’intention a un fond, c’est une vraie critique mais qui n’est pas une vérité générale et ne vise pas spécialement ces tactiques louables d’avoir des stars pour porter une équipe au titre. Toutes les équipes n’ont pas des GM qui peuvent monter les Spurs ou les Pistons de Billups/Hamilton/Prince/Wallace². Il y a d’ailleurs plus d’échecs que de réussites dans ce modèle, doit-on rappeler l’équipe des Mavs championne en 2010? Elle était formée autour de Nowitzki avec pleins de joueurs bourrés de talent (Terry, Butler, Marion au scoring, Chandler inside, Barea, Stojakovic…), pas forcément des superstars. Les Pacers tentent intelligemment de monter un collectif depuis plusieurs années, c’est un choix presque « couillu ».
L’épopée des Cavs de Irving-James-Love suscite donc nombre de commentaires, à tort et à raison. Et pour une fois, l’expression de Lebron James, qui a gagné en maturité, en dit long sur ce qu’il faut faire:
Nous ne sommes pas trois individualités, nous ne sommes pas un Big Three, nous sommes un Big 15.Tout le monde doit se sentir concerné. On doit partager le ballon, jouer dur en défense et se sacrifier les uns pour les autres. C’est un processus long que j’ai déjà connu mais j’en connais les résultats.
Je suppose que tout le monde veut gagner, le choix est simple: soit nous jouons de manière égoïste et on perd, soit on accepte de faire des sacrifices et de se transcender pour gagner?
Le Big Three, au final, c’est plus une construction, un concept pour qualifier une charnière qui fonctionne et alimenter le buzz, le marketing NBA. Il ne s’agit jamais de trois joueurs faisant tout le travail, ils en font la part la plus mise en exergue par la NBA à savoir le scoring, les dunks, les highlights, mais ils sont aussi concernés par la défense, le schéma de jeu et l’alchimie collective.
On n’ôtera pas la maladresse d’un James avec The Decision et certaines constructions mal alambiquées, il faut en tout état de cause une équipe complète pour espérer gagner un titre, ça, c’est une vérité générale.
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