Demain soir débute la compétition la plus internationale qui soit en basket; du 30 août au 14 septembre, nous allons vivre deux semaines intenses notamment pour l’Equipe de France. Passage en revue des groupes et des chances de notre sélection nationale.

Format

Rappelons rapidement le format: les quatre premiers de chaque groupe seront qualifiés pour les 8èmes de finale puis, les matchs à élimination directe commenceront:

Groupe A : Le groupe de la mort

Évidemment, il fallait que le champion d’Europe soit dans le pire groupe possible:

Si l’Egypte et l’Iran semblent deux équipes promises à l’élimination (la France n’a jamais perdu contre l’Iran et l’Egypte n’a gagné qu’une fois en 1949 selon L’Équipe), il s’agira de  bien se placer pour les huitièmes de finale. Or, l’Espagne, la Serbie et le Brésil ont de sérieux atouts à faire jouer. Flo Pietrus est pourtant optimiste pour les bleus qui évolueront sans Tony Parker, J.Noah (on a l’habitude), De Colo, Ajinca et un blessé de dernière minute, Ian Mahinmi (remplacé par Tillie). Extrait d’une interview donné à l’Équipe par le bon frère Pietrus:

Troisième, n’est-ce pas un peu optimiste quand on voit d’autres équipes au complet, comme le Brésil ou la Croatie ?
Bien sûr, mais c’est faisable. On sait que ça va être compliqué car il y a de grosses équipes en plus des États-Unis et de l’Espagne, comme le Brésil ou l’Argentine. Mais dire qu’on peut ramener une médaille, je ne pense pas que ce soit prétentieux pour notre équipe.

Sans leur leader, les Bleus vont s’en remettre à Nico Batum comme lors de la préparation « mouvementée ». Il est devenu pour les journalistes et le coach, le nouveau visage de cette équipe. Il y a des raisons d’espérer, c’est vrai: d’une part, en jouant l’Espagne, le Brésil et la Serbie en poule, ce sont trois équipes qu’on ne rencontrera pas directement en avançant en huitièmes; et d’autre part, les États-Unis ne seront pas un ennemi potentiel avant…la finale (même scénario pour l’Espagne).

On cherche donc, pour être honnête, une troisième place derrière les deux grands favoris espagnols et américains. L’Espagne semble la plus affutée, en finissant sa préparation sur 8 victoires probantes et une équipe au roster de rêve comprenant Pau Gasol, Marc Gasol et Serge Ibaka dans la raquette:

Sans oublier les Fernandez, Navarro, Rodriguez, Rubio, Lull etc….Difficile de voir la première place leur échapper. Il va falloir batailler avec les brésiliens, prenables malgré quelques bons joueurs (Splitter, Barbosa, Nênê, Varejao, Huertas) et les Serbes de Milos Teodosic, Krstic, Bodganovic, Bjelica…Les battre ne sera pas une mince affaire mais une nécessité pour ne pas tomber sur la Croatie ou l’Argentine, têtes de pont du groupe B.

• Qualifiés: Espagne, France, Serbie, Brésil
  

Groupe B: Underdog

C’est plus simple de ce côté de la Coupe du Monde: les futurs qualifiées sont déjà connus (Philippines/Sénégal, out):

Deux questions se posent: Qui finira premier? Qui aura le quatrième spot?

L’Argentine semble à bout de souffle: seulement 3ème en qualification pour cette coupe du monde derrière le Mexique et Porto Rico, c’est le dernier run des anciens: Scola, Gutierrez, Prigioni, Nocioni, Herrmann. Ils sont privés de Manu Ginobili, qui voulait également terminer sa carrière internationale sur une bonne note mais subit une fracture de stress du tibia fin juillet, et les Spurs ne prendront aucun risque avec sa santé douteuse.

C’est pire pour la Grèce, qui n’en finit plus de dégringoler. 11ème du dernier Eurobasket, il a fallu une Wild Card pour qualifier les bleus et blancs. La formation hellénique tente de relancer la machine en ne gardant que quelques vétérans (Bourousis, Zisis, Printezis) et des jeunes très prometteurs comme Papanikolaou, Mantzaris, Giannis Antetokounmpo, Nick Calathes ou Kostas Sloukas. Cette nouvelle génération a besoin d’expérience et pourrait en surprendre plus d’un.

Les yeux seront plutôt rivés sur la Croatie et Porto Rico. Pour les Croates, on rappelle qu’ils ont quand même connu un trou de 16 ans (1994-2010) avant de revenir en Coupe du Monde et qu’ils n’ont confirmé leur potentiel qu’au dernier Eurobasket en terminant quatrième. Une montée en puissance de cette jeune équipe composée de « futures stars » comme Dario Saric, Bojan Bogdanovic et Ante Tomic.

Enfin, Porto Rico, surprenant second des derniers jeux des Amériques, la formation menée par le duo de meneurs/artilleurs Barea/Arroyo veut briller. On aura droit à des shoots de loin et du jeu dans la raquette (Renaldo Balkman, la pépite Diaz de 2.11m). Jetez un œil à Alex Franklin, très bien côté en tant qu’ailier athlétique.

Ces quatre équipes ont de sérieux atouts pour briguer le podium et même faire de l’ombre à la France lors de huitièmes de finale qui s’annoncent dantesques.

• Qualifiés: Croatie, Argentine, Grèce, Porto Rico
  

Groupe C: U.S.A! U.S.A! U.S.A!

Les américains seront premiers de leur groupe, c’est une certitude:

Ce sont les trois autres spots qui seront disputés dans une poule assez homogène en terme de niveau. Un mot quand même, sur les américains, qui amènent selon tous les médias « l’Equipe B » et quelle équipe de remplaçants: Stephen Curry, Klay Thompson, K.Irving, James Harden, DeRozan/Gay, Anthony Davis, Dre’ Drummond, Cousins, Faried….Certes, il n’y a pas les habituels Chris Paul, Kobe Bryant, Lebron James, Carmelo et le départ soudain de Kevin Durant en fin de préparation pour cause de fatigue, a vraiment donné le label de seconde escouade à cette armada.

Ne vous y fiez pas, Coach K sait comment faire jouer des jeunes et son équipe en est remplie; James Harden fait figure de leader (crainte de le voir faire l’arrosoir automatique), il faudra observer Anthony Davis, the real deal:

Derrière, les places vaudront chers. La Turquie a l’occasion de montrer de quoi elle est capable, avec plusieurs joueurs d’envergure qui ne feront qu’une bouchée des dominicains ou néo-zélandais. Le champion du monde des moins de 20 ans Osman aura des choses à prouver aux côtés de Tunceri, Asik, Guler, Arslan, Savas ou Gonlum, ne sous-estimez pas cette escouade. Ils seront en compétition avec vraisemblablement les shooteurs ukrainiens, surprenants sixièmes du dernier Eurobasket portés par Pooh Jeter et plusieurs joueurs méconnus jusque-là. Gardez vos yeux grand ouvert devant le jeune homme de 17 ans participant à cette équipe: Sviatoslav Mykhailiuk, un futur joueur de l’Université de Kansas.

La Finlande devrait compléter le tableau, afin d’admirer les prouesses de Koponen et Mottola pour tenir leur équipe à bout de bras.

• Qualifiés: USA, Turquie, Ukraine, Finlande
  

Groupe D: Une poule relevée

Certainement le second groupe le plus intéressant dans cette coupe du monde. Si, bien sûr, nous faisons fi de l’Angola et de la Corée, futurs éliminés:

Si les quatre spots qualificatifs pour les huitièmes sont courus d’avance, les affrontements seront terribles pour décider des deux leaders de la poule. On a le Mexique, premier du tournoi qualificatif américain; la Lituanie, second du dernier Eurobasket, la Slovénie des frères Dragic et enfin, l’Australie prometteuse de David Andersen.

Autant baisser la hype sur le Mexique tout de suite: les jeux des Amériques, ce n’est pas l’Eurobasket, en terme de niveau de jeu. Gustavo Ayon a survolé la compétition (17.5pts, 9.2rbds, 1.4st, 1.4blks) en écrasant l’Argentine et Porto Rico. Néanmoins, il manque de soutien, avec seulement quelques noms comme Jorge Gutierrez (Nets) et autres Parada.  ols passeront les poules mais après ça, difficile de les imaginer plus loin.

A contrario, la Lituanie et la Slovénie, ce sont des ogres. Les Lituaniens ont malheureusement perdu Kalnietis sur blessure, en plus de Linas Kleiza et le bon vieux Javtokas. Un coup dur après une préparation sans encombre (invaincu) mais également une opportunité pour Valanciunas de se montrer comme le futur de la sélection:

Épaulé par Pocius, les frères Lavrinovic, Maciulis, ou Jasaitis, le roster de la Lituanie impressionne.

Même son de cloche du côté des Slovènes qui n’auront pas Erazem Lorbek dans le roster, touché au genou. De plus, Nachbar et Lakovic ont décidé de raccrocher avant ces mondiaux. La Slovénie est-elle pour autant perdue? Loin de là. Goran Dragic a pris une nouvelle envergure en NBA et devrait transférer ce talent en nouveau leadership pour la sélection, en compagnie de son frère Zoran qui brille en Europe mais aussi Domen Lorbek, annonçant un backcourt impressionnant.

Enfin, last but not least, l’Australie. La Strasbourgeois David Andersen sera entouré de beaucoup de jeunes (il manque Patty Mills et ses fantastiques Finales NBA): en effet, les Boomers compteront sur Dante Exum, Matthew Dellavedova pour aider les vétérans (Andersen, Ingles, Newley) à atteindre la phase suivante.

• Qualifiés: Lituanie, Slovénie, Mexique, Australie