10 joueurs français jouent actuellement en NBA, et un onzième devrait les rejoindre bientôt avec Joffrey Lauvergne. Les fortunes sont diverses, il n’en reste pas moins que Rudy Gobert truste les charts et fait bonne figure auprès des insiders tandis que d’autres sont plutôt dans l’expectative (Mahinmi, Turiaf, Ajinca?). Tour d’horizons de ces situations.

Les intérieurs à l’honneur

A l’évidence, celui qui a fait couler le plus d’encre, c’est bien Rudy Gobert. Le pivot français est en compétition avec d’autres jeunes (Favors, Kanter) et pourrait voir le turc Enes Kanter partir avant la deadline pour une titularisation des plus méritée. Quelques stats sur Rudy: il tourne en moyenne à 6.9pts, 7.3rbds, 2.2 blocks en seulement 21.9 minutes de jeu par match! C’est d’ailleurs grâce à son côté spectaculaire, ses contres, qu’il fait partie des TOP 10 et se montre aux yeux de tous:

Mieux, il a joué 53 matchs cette saison et s’avère être la menace la plus crédible de la ligue pour protéger le cercle: au panier, ses adversaires shootent un extraordinaire 37.8% (2.6/7) quand il est en défense, un pourcentage bien meilleur que ses poursuivants, les Bogut (41%), Serge Ibaka (41.1%) et autres Roy Hibbert (42.2%). Ce travail de sape se fait souvent dans l’ombre de ses coéquipiers scoreurs (Hayward, Favors) mais nul doute qu’un tel défenseur est très précieux pour n’importe quelle équipe, il n’est que sophomore, doit-on le rappeler?

DraftExpress mesurait son envergure à 2.34m à peu près, dans le TOP 5 illico des plus grandes jamais mesurées. Néanmoins, le chemin est encore long à parcourir: il faudra à Gobert trouver un spot de titulaire et à l’instar d’un Tyson Chandler, devenir une menace importante qui puisse convertir offensivement des dunks/lay-up faciles. Le Jazz ne va pas s’en séparer et pourrait trouver de quoi faire en se séparant de Kanter pour se concentrer sur un quatuor en pleine ascension: Burke – Hayward – Favors – Gobert. Il sera d’ailleurs le seul français présent au All-Star Game pour le « Rookie Challenge », la consécration.

Autre joueur français à l’envergure impressionnante (plus grande encore que Gobert, c’est dire), Alexis Ajinca. S’il s’est naturellement imposé en équipe de France après son dernier tournoi, la confirmation en NBA se faisait attendre. Il réussit à réitérer des stats très correctes vu le temps de jeu presque ridicule qui lui est alloué: 5.6pts, 4.3rbds en…12 minutes par match! En extrapolant sur 36 minutes, ce serait du 16.2pts, 12.4rbds, 1.8blks pour vous donner une idée. Il réussit à développer des mouvements intéressants entre des petits hook ou lay-up de loin, il va tellement haut que son adversaire direct a vraiment du mal:

Le souci principal vient de la concurrence qui fait rage aux Pelicans. Non seulement, Anthony Davis, un contender au titre de MVP, vampirise le jeu, mais Monty Williams s’appuye principalement sur un trio Davis – R.Anderson – Omer Asik, expliquant le peu de minutes jouées par le français. Si Jrue Holiday revient de blessure assez rapidement et que les Pelicans se qualifient en playoffs, son rôle pourrait être très intéressant (contre Golden State ou Memphis par exemple).

Enfin, last but not least, Kevin Seraphin. Le facteur nombre de minutes jouées étant primordial,  Seraphin réussit à jouer une bonne quinzaine de minutes en moyenne avec les blessures de Nênê et les rentabilise bien en sortant du banc, malgré Gooden/DeJuan Blair/K.Humphries à ses côtés (7pts à 52%, 3.8rbds). D’autant qu’il a resigné cet été avec des Wizards véritables contender aux Finals à l’Est, pour la qualifying offer (3.8M$); il a un rôle de remplaçant efficace qui lui sied, même s’il apprend encore des vieux briscards européens comme Antic :

Des piliers qui s’effritent

Du côté des grands joueurs français en NBA, on va parler de Tony Parker, Boris Diaw et Nico Batum: les deux premiers oscillent entre les blessures tandis que le second a vu sa production statistique baisser drastiquement tout en restant le titulaire incontesté au poste 3 des Blazers.

A 32 ans, Tony Parker connait pas mal de pépins physiques, il n’a joué que 39 matchs pour l’instant et ses stats sont retombées en-dessous même de sa saison sophomore, pour vous dire!  Il tourne à 14.5pts (47.6%, 4ème pire moyenne en carrière), 4.7 assists (2ème pire moyenne en carrière) mais un étonnant 50% à 3pts avec une production, il est vrai, famélique (0.7/1.5). Autre fait notable, il joue moins de 30minutes par match, comme la saison dernière et …sa saison rookie!

A sa décharge, comme à celle de Boris, les Spurs ont 12 joueurs qui jouent 15 minutes et plus, même Kyle Anderson et Austin Daye jouent + de 10mins en moyenne quand ils ne sont pas benchés. Gregg Popovich fait un pari: celui de reposer ceux qui doivent l’être, il ne prend aucun risque, Kawhi Leonard a mis un temps fou à revenir sur les parquets, par exemple, seul Tim Duncan (48 matchs) semble être en pleine santé. Une tactique qui peut s’avérer payante avec une qualification dans les 3 derniers (6-7-8) et une upset possible en playoffs. Un mot sur Boris: il a prouvé lors des dernières Finals sa valeur, Babac assure son rendement (8.1pts, 4.4rbds, 3.1ast), précieux relai offensif d’une équipe qui compte 3 joueurs à + de 3ast en moyenne, 6ème de la ligue au nombre d’assists par match (24.3), c’est un collectif, ni plus, ni moins.

Le cas Nico Batum par contre, préoccupe. Son rôle en attaque a pris un sérieux coup: il tournait la saison dernière à 13pts, 7.5rbds, 5.1ast (1.8 3PTM par match); le couteau suisse français baisse partout avec une chute dramatique aux pourcentages offensifs de 46.5% à 37.5%; et de 36.1% à 3pts à 27.2% (8.9pts, 5.5rbds, 4.7ast, 1.1st). Certains parlent d’une fatigue lié à la compétition FIBA de l’été, d’autres évoquent ses problèmes au genou, il a reçu en novembre dernier plusieurs injections riches en plasma pour combler ce souci encore mystérieux. Il joue son plus faible nombre de minutes depuis 3 ans….bref, sans réelle explication, on sait d’expérience que le joueur a besoin d’une motivation, que lui manque-t-il?

Quid des autres?

Evan Fournier est la grosse satisfaction de ce début de saison, il a trouvé un endroit où s’exprimer en tant que shooteur aguerri; cependant, il subit une lente mais progressive baisse de stats corrélé au retour des stars et à l’émergence, notamment du duo Elfrid Payton – Victor Oladipo, il prend de moins en moins de responsabilités en attaque:

Autre joueur intéressant à suivre, Ian Mahinmi. Les Pacers sont sans Paul George et jonglent avec leur roster et leur 5 majeur constamment, une chance pour le français qui peut gratter 18 minutes de jeu (4.8pts à 59%, 6.1rbds). Des soucis à la cheville l’ont empêché de jouer plus de 33 matchs, il fait quand même partie des joueurs les plus intimidant près du panier (les adversaires shootent à 44%). Il se sent bien aux Pacers, il le dit, et le montre:

Enfin, Ronny Turiaf est sur le carreau; Joffrey Lauvergne finalise un deal garantie de deux ans aux Nuggets (il peut trouver du temps de jeu), et Damien Inglis n’aura pas encore eu la chance de montrer aux Bucks ce qu’il vaut vraiment (opérer à la cheville).