La faillite des Nuggets par l’éviction de Brian Shaw

Épilogue d’une saison calamiteuse dans le Colorado: Brian Shaw est débarqué sans ménagement, l’organisation des Nuggets ne lui laissera pas terminer la saison après des séries de défaites trop lourdes à portée. Pire, un Huddle de ses propres joueurs le condamne sévèrement dans sa tentative de les motiver à gagner un match.

« 1,2,3, SIX WEEKS »

Au préalable, jetons un coup d’œil aux chiffres qui entourent la saison de Denver:

  • un bilan de 22-39 (36.1%), il n’y a que les Kings, Lakers et Wolves pour faire pire à l’Ouest;
  • 26ème défense de la NBA (103.7pts encaissés par match) tout en ne marquant que 99.5pts
  • 28ème équipe de la NBA aux pourcentages au shoot (41.1%!); et pire de la ligue à 3pts (31.3% tout étant la 13ème équipe tentant le plus de shoots longue distance)
  • 23ème équipe au rating offensif (103.2) et 25ème au rating défensif (107.6)
  • Plus incongru, c’est l’équipe qui fait le plus de fautes par match (22.8)
  • Sans grande surprise, la 28ème salle la plus remplie de la ligue sur 30 (7452 spectateurs en moyenne)

 

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On se souvient que les Nuggets ont terminé la saison 2012/13 avec un magnifique bilan (57-25), puis le départ de Masai Ujiri aux Raptors a lentement mais sûrement détruit la franchise. Au final, depuis que George Karl et Ujiri sont partis, remplacés respectivement par Brian Shaw et Tim Connelly, la franchise est à 56-85! Il faut avouer que « l’expérience Brian Shaw » n’a pas été concluante pour une raison simple: le système de jeu qu’il essayait d’implémenter. Il voulait des systèmes compliqués, du basket sur demi-terrain qui requière un QI basket fort et des joueurs prêts à rentrer dans un moule.

Le processus fut long et laborieux, le jeu des Nuggets devint petit à petit ennuyeux et sans panache alors que Shaw perdait pied dans son effectif tant en terme de confiance que de respect. Si Shaw fût un très bon assistant coach (notamment aux Pacers), proche des joueurs par l’identification qu’ils ont pu faire et sa propre expérience partagée durant toutes ces années en NBA; c’est cette même proximité qui l’a empêché, en dernière instance, de faire tourner les choses en sa faveur. Ce « Huddle » qui fait tant hurler, a déclenché les choses: les joueurs terminant par un « Six semaines » pour signifier leur chemin de croix encore à parcourir, pas forcément le plus beau message à passer; une autre version voudrait qu’ils avaient les 6 semaines sans victoire à domicile en tête et qu’ils voulaient les éradiquer par une victoire…

La SBNation traduit tout cela assez bien:

Shaw est un coach old-school, un disciple de Phil Jackson qui veut jouer de manière traditionnel et attends de ses joueurs qu’ils soient des hommes, murs. Or, il avait une équipe composé de swingmen qui n’ont connu le succès qu’en jouant avec rapidité et immaturité. Tout ça pour une des organisations connu pour être une des plus dysfonctionnelle de la ligue.

La rotation des Nuggets a été, soyons franc, un bordel sans nom. Shaw n’a jamais été capable d’être constant dans ses décisions pour gagner la confiance au moins d’un noyau de joueurs pouvant faire du vestiaire une de ses place forte. Cette équipe n’a pas eu d’identité, tout simplement: 13 joueurs ont 15 minutes en moyenne dans les jambes, est-ce bien normal? Les torts semblent partagés, même si tirer sur l’ambulance Shaw n’est pas très sport, il n’a pas eu la chance d’évoluer dans un environnement « sain ».

Ty Lawson : C’était un choc d’apprendre son départ, je ne pensais pas que ça irait jusque-là. On se sent tous responsables, nous ne gagnions pas de matchs et avons fait beaucoup d’erreurs

LES JOUEURS MIS EN CAUSE

Brian Shaw n’était pas dupe de la supercherie que constitue l’identité de cette équipe, il avait peut-être une idée un peu trop ambitieuse de ce que pouvait accomplir l’organisation, quand il fut intronisé :

Ce ne sera pas un jeu fou-fou en attaque comme la saison dernière avec un PACE super-élevé. Mon expérience, quand on jouait les Kings ou les Suns, c’est que ces équipes à rythme de jeu éffrené gagnent peut-être plein de matchs en saison régulière mais cela ne se retranscrit pas en playoffs. Donc nous allons devoir jouer un jeu plus traditionnel qui se basera sur la raquette. Il faut devenir bien meilleur pour exécuter sur demi-terrain, avoir une vraie défense collective et attraper les rebonds.

Brian Shaw, Andre MillerIl récite, en réalité, l’abécédaire du basket valorisant, un peu à la manière de ce qu’il s’est passé aux Spurs ou depuis quelques années aux Grizzlies. Et puis, il y a eu ce conflit avec Andre Miller qui a grandement érodé l’autorité de Brian Shaw; Dre’ a dû être « retenu » par le coaching staff et s’en prendra verbalement à son coach devant tout le public pour récolter 2 matchs de suspension derrière. Son explication:

Je pense que la situation à Denver était juste non-professionnelle, vraiment, de leur part. Je pense que beaucoup de gens m’associent à un gars calme et gentil à qui on peut dire ce qu’on veut. Moi, tout ce que j’ai fait, c’est jouer mon rôle de vétéran et parler pour mes coéquipiers. Je n’ai pas challengé le coach, je lui ai juste dit qu’il fallait une meilleure communication, je faisais mon boulot là! On faisait partie du TOP 5 en apport de banc et il n’y avait aucune raison de ne pas me faire jouer sans une bonne raison. Parle moi, en privé, et avec respect, je le ferai également.

Et les sorties de Brian Shaw sur ses joueurs n’étaient pas tendres :

Je pense que c’est une chose très difficile que de perdre, d’essayer de tanker, d’être battu par d’autres joueurs. Ceux qu’ils [les joueurs des Nuggets] font sur le terrain, c’est comme s’ils avaient envie de perdre et qu’ils essayaient de toutes leurs forces d’y arriver. Mais des décisions seront prises et chacun devra vivre avec les conséquences de celles-ci. La seule chose que je peux faire, c’est mon travail et ce que l’organisation attend de moi. Est-ce que je le fais toujours bien? Non. Est-ce que je partage la responsabilité de ces défaites? Oui »

Ses efforts furent vain. Il a tenté de lire des livres sur les « Générations X et Y« , il a essayé d’interdire les téléphones portables en les confisquant du vestiaire, en admettant par la même que « ses joueurs font trop la fête pour des séances d’entrainement aux tirs tôt le matin »…..Un schisme s’est créé.

LES VÉTÉRANS MONTENT AU CRÉNEAU

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Plusieurs vétérans de la grande ligue n’ont pas hésité à donner leur avis sur les Nuggets:

Kevin Garnett : Pour être honnête, son équipe l’a lâché. Je pense qu’ils l’ont encore abandonné. Ceux qui baissent les bras continueront toujours à le faire, et les Nuggets ont décidé de le virer comme ça.


David West : C’est de la connerie pure et simple. Il n’y avait aucun adulte responsable dans ce roster, on ne peut pas gagner des matchs comme ça.


Paul George : Incompréhensible. Pourquoi n’arrivaient-ils pas à jouer pour lui?


Jameer Nelson : Nous aurions pu mieux jouer c’est vrai mais personne n’est exempt de reproches, les joueurs comme les coachs

 

Denver doit à présent trouver un remplaçant et accessoirement, reconstruire son équipe. Les trades réalisés à la deadline (Afflalo, McGee out), ont permis à l’équipe de posséder 18-19M$ en Trade Player Exception pour signer un gros calibre. Il semblerait que le tandem Lawson-Faried soit toujours d’actualité, il manque le coach. Les rumeurs avancent que Mike D’Antoni serait prêt à venir coacher ces jeunes gens avec son Run&Gun, voire Alvin Gentry.

La seule certitude de ce cas d’école de management sportif, c’est qu’il n’y avait pas le bon coach, les bons joueurs et, en fin de compte, la bonne organisation. Le départ de Masai Ujiri se fait encore sentir deux ans après…

Ecrit par:

N.K

4 Commentaires

  1. Free_Eagle -  6 mars 2015 - 11:53

    Papier exhaustif.

    Et je partage à 100% la déclaration de KG…

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  2. Jérôme -  6 mars 2015 - 14:45

    Le départ de George Karl était donc absurde. Je le pensais à l’époque, c’est plus que confirmé depuis.
    Shaw n’avait pas des joueurs pour lui, c’est un fait. On ne fait pas du jeu placé avec Faried, Lawson. On court.
    Brian Shaw fait partie des coachs qui ont une bonne image dans la league, il retrouvera certainement un job. Mais il faut des joueurs capables de jouer sur demi-terrain.

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  3. Ben -  6 mars 2015 - 22:50

    Les torts sont partagés à mon avis. Son équipe l’a lâché c’est un fait mais un coach doit s’adapter aux joueurs qu’il a, et non l’inverse. Comme le dit Jérôme, tu ne fais pas de jeu placé quand tu as Faried et Lawson, ça n’a pas de sens.

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  4. cédos -  6 mars 2015 - 23:59

    j’y croyais moi. le bide. pas de stars forte et tirant l’équipe vers le haut
    les joueurs vont les payer; surtout les FA

    Répondre

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